![La France mise sur l’hydrogène vert pour décarboner son industrie lourde et une partie des transports.](https://static.latribune.fr/full_width/2327921/hydrogene-h2.jpg)
La production d'hydrogène vert d'Engie aura du retard à l'allumage. Le géant énergétique français, fournisseur historique du gaz dans le pays, va en effet la démarrer à l'horizon 2035, contre 2030 initialement visé. « Ça va prendre un peu plus de temps », a reconnu sa directrice générale, Catherine MacGregor, à l'AFP à l'occasion de la semaine internationale de l'Énergie, qui se tient à Londres. Elle a néanmoins précisé que l'objectif de « 4 gigawatts de production d'hydrogène décarbonée » était maintenu.
Chez Engie, on explique que ce marché met plus de temps à mûrir qu'initialement espéré. Résultat, il est encore difficile de trouver des clients pour acheter de l'hydrogène « vert », produit à partir d'énergies renouvelables, mais encore très cher à générer.
Retard général
Or, la France mise sur l'hydrogène vert pour décarboner son industrie lourde et une partie des transports. Le pays comptait en décembre « 150 projets d'industrialisation ou de recherche et développement autour de l'hydrogène », comme l'avait indiqué la ministre de la Transition énergétique de l'époque, Agnès Pannier Runacher.
Elle avait alors rappelé l'objectif initial fixé en 2020 de produire l'équivalent de 6,5 gigawatts (GW) d'hydrogène décarboné en France en 2030. Et d'indiquer que l'effort sera accentué afin de parvenir à « 10 GW en 2035 ». Selon un document de présentation consulté par l'AFP, grâce aux projets déjà connus la France « a sécurisé entre 2,5 et 3 GW d'installations de capacité d'électrolyse, représentant quelque 8.000 emplois directs ».
Reste que ces objectifs pourraient ne pas être atteints. Plusieurs acteurs ont déjà témoigné du retard à l'allumage du marché de l'hydrogène vert, dont les projets de taille industrielle peinent à voir le jour. « Tout le monde est en retard » sur la production d'hydrogène vert, soulignait d'ailleurs déjà en juin dernier, Valérie Ruiz-Domingo, vice-présidente hydrogène pour Engie dans un entretien accordé à La Tribune.
Plusieurs éléments expliquent ce coup de frein. La qualité des électrolyseurs qui ne semble pas être au rendez-vous est souvent évoquée. Mais le grand blocage réside surtout du côté de la demande... ou plutôt de l'absence de demande.
Ce retard n'est d'ailleurs pas une spécificité française. L'agence internationale de l'énergie (AIE) a prévenu mi-février que seulement 7% des projets d'énergie renouvelable dans le monde pour produire de l'hydrogène vert verraient le jour d'ici à 2030.
Outre l'hydrogène vert, le blanc suscite aussi un intérêt grandissant pour la décarbonation de l'industrie et des transports. Aussi appelé hydrogène naturel puisqu'on le trouve dans les sous-sols de la Terre, il aurait l'avantage de ne pas émettre de CO2. « La France peut devenir un pays pionnier pour la production de cette énergie du futur », avait martelé Emmanuel Macron en décembre dernier en garantissant des « financements massifs » pour explorer son potentiel. « Il faut innover pour regarder, cartographier et avancer sur les techniques extractives les plus respectueuses de l'environnement », avait-il incité. L'Hexagone est « l'un des pays qui a le plus de réserves d'hydrogène naturel », selon le chef de l'État, qui assurait « qu'on ne peut pas laisser dormir cette ressource ». Dans le monde, des forages ont débuté en Australie ou aux États-Unis mais un seul site produit actuellement de l'hydrogène naturel, au Mali.Le potentiel de l'hydrogène blanc
(Avec AFP)
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