![Le podium des pays exportateurs a été dominé par les États-Unis en 2023, dont les volumes de GNL sont acheminés par bateau plutôt que par gazoduc.](https://static.latribune.fr/full_width/2385113/accord-entre-l-union-europeenne-et-les-etats-unis-sur-des-livraisons-supplementaires-de-gnl-pour-l-europe.jpg)
L'Union européenne a réussi à se passer un peu plus du gaz naturel liquéfié (GNL) provenant de la Russie en 2023. « Les volumes de GNL russe envoyés en Europe ont diminué de 1,6 million de tonnes (MT) pour atteindre 14,4 MT en 2023 », soit un recul de 10%, indique le groupe international des importateurs de gaz liquéfié (GIIGNL), qui compte une centaine de membres dont BP, TotalEnergies, Shell. Cela « représente 11,5% des importations européennes de GNL, contre 12,8% en 2022 », est-il précisé dans son rapport annuel publié ce mercredi 5 juin.
Si l'UE s'est détournée du GNL russe, c'est pour réduire la manne financière que la Russie tire de ses exportations d'énergie. Les Vingt-Sept envisagent d'ailleurs de cibler désormais le GNL russe dans le cadre des sanctions qu'ils appliquent contre Moscou, toujours dans cette optique de peser sur ses revenus. L'exécutif bruxellois a proposé le mois dernier d'interdire les transbordements (transfert de bateau à bateau) de gaz russe sur les côtes européennes. Ce serait une première car jusqu'ici, cette source d'énergie fossile n'a fait l'objet d'aucune sanction.
Les États-Unis en haut du tableau
Bien que l'Europe ait légèrement tourné le dos au GNL russe, le pays s'est établi à la 4e place des exportateurs mondiaux de gaz liquéfié. Et ses volumes exportés ont même un petit peu augmenté sur un an : +1,1%, pour 21,5 MT expédiées, loin toutefois des quelque +6% enregistrés en 2022 et 2021.
Le podium est largement dominé par les États-Unis, qui s'affichent à la première place des fournisseurs mondiaux en 2023 pour la « première fois » de leur histoire. Refroidies à -160°C puis acheminées par bateau plutôt que de transiter par gazoduc, 84,5 MT de GNL américain ont ainsi été écoulées, soit une hausse de +11,8% sur an et une part de marché de 21%. Le pays s'est affiché comme un fournisseur clé notamment de l'Europe. Il est aussi resté le premier fournisseur de la France avec une part de marché de 46%, contre 45% en 2022, suivi par la Russie (16%) et de l'Algérie (15%).
À noter que les États-Unis étaient encore à la troisième place des plus gros exportateurs mondiaux en 2022. Ils ont désormais dépassé, et de loin, le Qatar, et ainsi échangé de place avec lui. Avec 78,2 MT exportées en 2023, le pays du Moyen-Orient a d'ailleurs vu ses volumes baisser de -1,8% sur un an. L'Australie reste quant à elle à la deuxième place, avec 79,6 MT exportées (un chiffre stable sur un an).
Un marché qui se stabilise
Reste que, au niveau mondial, le marché du GNL « a connu une augmentation modeste, atteignant 401 millions de tonnes, soit un taux de croissance de 2,1% » en 2023 par rapport à l'année 2022, explique le GIIGNL.
« Cette croissance (mondiale), bien que représentant un ralentissement par rapport à l'expansion de 5,6% de 2022, signale une phase de stabilisation du marché », peut-on lire.
Le marché a été principalement tiré par l'Asie, qui représente 65% des parts de marché avec 260,8 MT importées. La moitié a été pour la Chine et le Japon (respectivement 70,8M et 66,1 MT). Pour autant, les volumes à destination de l'ensemble des pays asiatiques ont à peine augmenté sur un an, de 2,8%. Le continent européen n'est pas en reste puisqu'il représente 30% du marché, mais les volumes sont restés stables sur un an.
Pas de quoi en tout cas inquiéter les acteurs du secteur. Réunis le mois dernier au Forum économique du Qatar, leurs patrons se sont montrés confiants quant à la demande mondiale en gaz naturel liquéfié (GNL). Pour eux, elle devrait augmenter afin, notamment, de compenser « l'intermittence » des énergies renouvelables.
« Je ne suis pas inquiet, je pense qu'il y a une place, une place claire pour le gaz dans la transition » énergétique, a déclaré Patrick Pouyanné, à la tête du géant français TotalEnergies. Et son homologue chez QatarEnergy, Saad al-Kaabi, également ministre de l'Énergie du Qatar, d'ajouter : « Le GNL sera nécessaire pendant très longtemps ».
(Avec AFP)
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