![Flavie Delattre est la présidente de Vegepolys Valley, un pôle de compétitivité dédié au végétal.](https://static.latribune.fr/full_width/2381907/filiere-du-vegetal-l-agriculture-de-demain-est-en-pleine-construction-flavie-delattre-presidente-de-vegepolys-valley.jpg)
LA TRIBUNE - Quelles sont les missions de Vegepolys Valley, le pôle de compétitivité du végétal basé à Angers ?
FLAVIE DELATTRE - Né en 2019 de la fusion des deux pôles de compétitivité Vegepolys et Céréales Vallée, Vegepolys Valley est un pôle de compétitivité d'une quarantaine de salariés dédié au végétal. Il a pour mission de rassembler les acteurs de cette filière et de les accompagner dans leurs démarches d'innovations, de l'idée à l'entrée sur le marché : mise en réseau, identification de financements et recherche de subventions, construction d'un calendrier prévisionnel de montage du dossier, vieille technique... Depuis la création de Vegepolys Valley, plus de 1.000 projets répartis dans neuf axes technologiques (santé du végétal, végétal urbain, l'alimentation humaine et animale...) ont été labellisés ou soutenus, pour un investissement global de 2,2 milliards d'euros. Parmi eux, 511 projets ont obtenu un financement à date, pour un montant de 926 millions d'euros. Enfin, Vegepolys Valley mène aussi un travail d'animation (webinars, rencontres consommateurs...) tout au long de l'année.
Cinq ans après sa naissance, combien d'adhérents compte ce pôle ?
Le nombre d'adhérents a augmenté de manière assez significative en 2023 avec 130 nouveaux acteurs. Cela traduit une vraie volonté d'aller vers l'innovation liée au végétal malgré le contexte actuel qui est difficile. L'année dernière, le réseau se composait de 645 adhérents ce qui le place comme le quatrième pôle de compétitivité français. C'est dire l'importance du végétal dans nos secteurs économiques. Les profils sont variés puisqu'ils vont des entreprises du domaine du végétal (TPE/PME, startup et grands groupes) aux instituts de recherche en passant par des organismes de formation. Nous comptons 79% d'entreprises (parmi lesquelles 88% de TPE et PME).
Le périmètre de jeu s'étend de la Bretagne (55 adhérents, soit 9%, ndlr) à l'Auvergne-Rhône-Alpes (99 adhérents, soit 15%) en passant par les Pays de la Loire (270 adhérents, soit 42%) et la région Centre-Val de Loire (64 adhérents, soit 10%). 157 structures (24%) sont implantées sur d'autres territoires. Depuis le début de cette année, nous avons accueilli 34 nouveaux adhérents (VIF SOFTWARE, Barrault Horticulture, Label Verte...).
Est-ce que ce pôle de compétitivité rayonne à l'échelle internationale ?
Vegepolys Valley accompagne également ses membres vers des projets européens et ce, de plus en plus. En 2023, le pôle a ainsi eu l'opportunité d'être partenaire de 11 projets et d'en accompagner 26 autres (contre 8 et 4 en 2022) qui ont bénéficié de 9,6 millions d'euros de fonds européens. Des projets se développent aussi au Japon et en Afrique.
Vous évoquez un contexte difficile. C'est-à-dire ?
L'année 2023 a été relativement mouvementée en termes climatiques avec les sécheresses et des inondations qui ont fait des dégâts sur les cultures et les infrastructures. C'est le signe qu'il y urgence à innover et à évoluer sur la partie technique mais aussi technologique. Il faut aussi composer avec le contexte géopolitique et la guerre en Ukraine et à Gaza qui impactent les échanges commerciaux. A cela s'ajoute l'inflation qui fait tanguer notre secteur. Les citoyens ont aussi des demandes très fortes sur le plan environnemental.
A quels défis est confrontée la filière ?
Le changement climatique, l'agroécologie, la sécurité alimentaire de demain, la compétitivité des marchés et leur pérennité dans un monde en pleine évolution sont autant de défis à relever. Il y a aussi l'innovation technologique avec l'émergence de nouvelles filières et de nouvelles variétés. Il faut aussi faire évoluer les modes de production avec de la technologie plus précise. Il y aussi l'innovation dans la gestion commerciale, les ressources humaines, les modes de financement. Autre levier pour avancer : le capital humain et la nécessité de travailler ensemble, chercheurs, ingénieurs et agriculteurs. C'est en se mettant autour de la table que nous parviendrons à relever ces défis. L'agriculture de demain avancera grâce à l'innovation.
A quoi va ressembler cette agriculture de demain ?
L'agriculture de demain est en pleine construction. Elle sera diverse de par ses modes de production ou d'utilisation, par les profils de celles et ceux qui évolueront dans ce monde. C'est la diversité qui permettra de trouver des solutions et d'avancer. Elle sera aussi plus sectorisée car certaines solutions (variétés, modes de production...) fonctionneront très bien en local mais moins si on les déplace. Et de nouveaux métiers permettront de répondre à nos problématiques d'aujourd'hui.
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