Faute de nucléaire, l'Italie fait appel à EDF pour décarboner sa production d'acier

Le groupe électricien français annonce ce mardi avoir signé un accord de coopération nucléaire en Italie avec la fédération des industries de l'acier, afin d'accélérer la décarbonation du secteur. Le pays ne produit plus d'énergie nucléaire depuis les années 90 après la décision, par référendum, de sortir de l'atome civil dès 1987 à la suite de l'accident de Tchernobyl.
L'accord vise à « à promouvoir la coopération dans l'utilisation de l'énergie nucléaire au service de la compétitivité et de la décarbonation du secteur sidérurgique italien », selon EDF. (photo d'illustration)
L'accord vise à « à promouvoir la coopération dans l'utilisation de l'énergie nucléaire au service de la compétitivité et de la décarbonation du secteur sidérurgique italien », selon EDF. (photo d'illustration) (Crédits : Stephane Mahe)

EDF veut accélérer la décarbonation de l'acier en Italie. Dans ce pays sorti de l'atome depuis près de 35 ans, le groupe électricien français a annoncé ce mardi avoir signé un accord de coopération nucléaire avec la fédération italienne des industries de l'acier.

L'accord vise à « à promouvoir la coopération dans l'utilisation de l'énergie nucléaire au service de la compétitivité et de la décarbonation du secteur sidérurgique italien », très émetteur de gaz à effet de serre, a indiqué EDF dans un communiqué.

Ce « memorandum » de coopération a été signé avec l'énergéticien italien Edison, le fabricant italien de centrales électriques Ansaldo Energia, le développeur de technologies nucléaires Ansaldo Nucleare et Federacciai, la fédération italienne des industries de l'acier.

Il « marque un nouveau jalon dans l'établissement d'une feuille de route pour la relance de l'option nucléaire en Italie », a déclaré Nicola Monti, directeur général d'Edison cité dans le communiqué.

Construction de petits réacteurs modulaires (SMR)

L'Italie ne produit plus d'énergie nucléaire depuis les années 90 après la décision du pays, par référendum, de sortir de l'atome civil dès 1987 après l'accident de Tchernobyl.

Avec cet accord, les signataires s'engagent « à évaluer les possibilités de co-investissement dans la nouvelle énergie nucléaire et, notamment, dans la construction en Italie de petits réacteurs modulaires (SMR) au cours de la prochaine décennie, en utilisant la technologie SMR portée par EDF, l'expertise d'Edison et les capacités d'ingénierie et industrielles d'Ansaldo Energia et d'Ansaldo Nucleare », selon le communiqué d'EDF.

EDF devait mettre au point pour 2030 environ un premier modèle de petit réacteur nucléaire baptisé Nuward, mais il a récemment indiqué revoir ses plans pour travailler sur une autre conception. Les parties s'engagent en outre à « explorer les possibilités d'approvisionnement de moyen ou long terme en énergie nucléaire en utilisant prioritairement la capacité sur l'interconnexion déjà en service entre l'Italie et la France et en contribuant ainsi à la décarbonation de la production d'acier en Italie ».

« Grâce à de tels accords, l'Italie pourrait devenir, d'ici quelques années, la première nation au monde à produire de l'acier entièrement décarboné », a déclaré Antonio Gozzi, président de Federacciai, dans le communiqué. L'atome retrouve la cote dans plusieurs pays européens, poussés par l'impératif de sortir des énergies fossiles.

Lire aussiPourquoi EDF peine tant à exporter ses centrales nucléaires

« Une approche européenne » pour relancer le nucléaire

Mercredi dernier, EDF avait déjà plaidé pour des partenariats entre pays européens afin de relancer le nucléaire sur le continent. « EDF continuera à plaider en faveur d'une approche européenne basée sur des technologies développées en Europe avec ses partenaires », avait affirmé le groupe dans un communiqué, se disant « pleinement mobilisé pour poursuivre les nombreux projets nucléaires en cours », en Grande-Bretagne et en France.

Une annonce faite juste après sa déconvenue en République tchèque où il vient d'être supplanté par le sud-coréen KHNP dans un appel d'offres pour construire des réacteurs.

KHNP (Korea Hydro & Nuclear Power) a battu le français EDF dans cet appel d'offres lancé au départ en 2022 pour la construction d'un nouveau réacteur dans la centrale de Dukovany. Le gouvernement avait toutefois depuis déclaré qu'il souhaitait des offres contraignantes pour construire jusqu'à quatre nouvelles unités dans ses deux centrales de conception soviétique de Temelin et Dukovany.

L'offre coréenne, retenue pour deux réacteurs à Dukovany à ce stade, « était meilleure sur tous les critères évalués », a déclaré le Premier ministre tchèque Petr Fiala aux journalistes, en évoquant le prix.

Deux réacteurs par an à partir de la prochaine décennie

Le choix de NHNP est un revers pour EDF qui avait beaucoup misé sur cet appel d'offres dans lequel il proposait un modèle d'EPR1200 (réacteur de nouvelle génération de moyenne puissance).

Mais, martèle EDF, elle ne remet pas en cause son objectif de construire deux réacteurs par an à partir de la prochaine décennie - un en France dans le cadre du programme de relance nucléaire prévoyant jusqu'à 14 réacteurs EPR2, et un autre en Europe. « Cet objectif-là ne change pas, car c'est cet objectif qui fonde l'effet de série dans la filière », synonyme de performance industrielle et de mutualisation des coûts, a assuré un porte-parole du groupe.

« On a cette conviction que la constitution d'une Europe du nucléaire pour les pays qui souhaitent construire des réacteurs est indispensable si le continent veut réussir sa transition énergétique et son indépendance énergétique », souligne-t-on chez EDF, alors que selon lui dans les deux décennies, l'Europe compte construire 27 à 49 réacteurs.

« Au-delà de la décision prise par les Tchèques, évidemment nous resterons très présents auprès de l'ensemble des autres prospects », ajoute-t-on chez EDF.

Le groupe dit être en discussions avec d'autres pays (Pays-Bas, Slovénie, Pologne, Finlande et Suède), au moment où l'atome retrouve la cote en Europe, poussé par l'impératif de sortir des énergies fossiles et la volonté d'une plus grande indépendance vis-à-vis de la Russie, plus grand constructeur de centrales.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 23/07/2024 à 23:35
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Ce n'est faute de nucléaire, c'est faute d'électricité... Il y a confusion dans cet article. Dans le meilleur des cas avec le nucléaire, la solution est pour dans 15 à 20 ans... S'il s'agit de leur problème d'acier, un accord avec le nucléaire veut d...

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