Face aux « activistes », TotalEnergies appelle les actionnaires à soutenir Patrick Pouyanné

Par latribune.fr  |   |  851  mots
TotalEnergies se dit ciblé par une « campagne » visant à empêcher le renouvellement de son président Patrick Pouyanné et de l'administrateur référent Jacques Aschenbroich. (Crédits : REUTERS/Charles Platiau)
TotalEnergies encourage ses actionnaires à voter lors de l'assemblée générale, « afin de soutenir » la stratégie du groupe « face à une campagne » de « certains activistes » opposés au renouvellement du mandat du PDG Patrick Pouyanné.

On n'est jamais trop prudent. TotalEnergies encourage ses actionnaires à voter le 24 mai lors de l'assemblée générale, « afin de soutenir » la stratégie du groupe « face à une campagne » de « certains activistes » opposés au renouvellement du mandat du PDG Patrick Pouyanné.

Dans un message publié cette semaine sur le site du pétrolier, signé par le « service relations actionnaires individuels », le groupe se dit ciblé par une « campagne » visant à empêcher le renouvellement de son président Patrick Pouyanné et de l'administrateur référent Jacques Aschenbroich.

« C'est pourquoi, afin de soutenir la stratégie mise en œuvre avec succès, il est important que vous votiez - ou que vous donniez pouvoir à une personne autorisée pour ce faire - lors de la prochaine Assemblée générale des actionnaires qui aura lieu le 24 mai prochain », demande le message de TotalEnergies.

Mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général

Une coalition d'actionnaires avait déposé un projet de résolution, purement consultative, qui vise « à mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général » de l'entreprise - une critique de la gouvernance de l'entreprise.

Le texte a été déposé par la fondation Ethos, qui représente des caisses de retraite en Suisse et une coalition de 19 investisseurs internationaux, coordonnés par l'organisation française Forum pour l'investissement responsable (FIR), parmi lesquels Achmea Investment management (Pays-Bas, 218 milliards d'euros d'actifs sous gestion), Candriam (Belgique, 144 milliards) ou AP7 (Suède, 102,4 milliards). La résolution comptait maintenir Patrick Pouyanné, qui cumule actuellement les deux fonctions, à son poste de directeur général. Le conseil d'administration avait refusé fin avril « à l'unanimité » de l'inscrire à l'ordre du jour de l'Assemblée générale. Une audience au tribunal de commerce sur ce refus a été renvoyée au 21 mai.

« En réaffirmant son soutien à la qualité et pertinence de la stratégie de transition mise en œuvre depuis 2020, le conseil d'administration a en effet jugé opportun de veiller à la continuité de la gouvernance et du "leadership" de la compagnie », expliquait TotalEnergies en mars.

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En parallèle, dans une série de lettres diffusées jeudi par le gestionnaire d'actifs Ofi Invest Asset Management, « un groupe de 16 investisseurs internationaux » demandent à « six entreprises pétro-gazières européennes »  d'arrêter leurs plans d'expansion sur les énergies fossiles et« une augmentation des investissements dans les énergies soutenables ».

« Face aux stratégies climat jugées limitées de ces entreprises, les investisseurs annoncent qu'ils voteront contre certaines résolutions stratégiques, dont la réélection cette année des présidents des conseils d'administration de TotalEnergies, Shell et BP », explique Ofi dans un communiqué. « Nous tiendrons le président du conseil d'administration responsable de la stratégie climatique inadaptée de l'entreprise » explique la lettre adressée à Patrick Pouyanné.

« Cette lettre inaugure de nouveaux modes d'actions, notamment le vote contre la réélection de certains dirigeants dont Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, qui sont nécessaires devant l'échec des pratiques actuelles du dialogue actionnarial », a commenté Agathe Masson, chargée de campagne chez Reclaim Finance.

TotalEnergies vante le bilan de son patron

Le conseil d'administration de TotalEnergies s'était prononcé en septembre dernier en faveur d'une reconduction de Patrick Pouyanné, sans dissocier les fonctions de président et directeur général, pour un quatrième mandat de trois ans, ce que doivent approuver les actionnaires lors de l'Assemblée générale. L'entreprise souligne que le cours de son action a été « multiplié par deux depuis fin 2020 », passant de près de 35 euros à 66 euros actuellement, et que le dividende, « en croissance de 30% depuis 2015 » n'a « jamais baissé depuis plus de quarante ans ».

Fin avril, face au Sénat, Patrick Pouyanné a défendu sa vision du futur énergétique « Bien sûr, vous investissez sur les énergies renouvelables (...) mais notre souhait serait que Total soit le grand groupe pionnier, peut être moins rentable » qui « emmène ses capacités d'investissement sur un autre chemin que celui que vous prenez », déclarait alors le sénateur de Paris, rapporteur de cette commission présidée par le LR Roger Karoutchi.

« Si nous n'investissons pas dans le système pétrolier et c'est la même chose pour le gaz, on aura un déclin de l'offre et à ce moment-là, les prix montent au ciel », répliquait le patron du groupe pétrolier qui n'a pas caché son agacement d'être perçu comme « la source de tous les maux ».

A l'évocation du scénario de neutralité carbone en 2050 de l'Agence internationale de l'énergie qui met au ban tout nouveau projet pétro-gazier, le PDG s'est irrité contre une « nouvelle bible » et « un scénario théorique ». Dans la vision de TotalEnergies commune à d'autres groupes pétro-gaziers, le gaz, qui rejette moins de CO2 que le pétrole et le charbon, permettra de faire la transition vers les énergies renouvelables.

(Avec AFP)