Eoliennes : pourquoi l’Indre-et-Loire fait de la résistance

Le projet de parc éolien Oratorio, à 20 kilomètres du château d’Amboise, est l’objet d’un nouveau recours après avoir été agréé en février dernier par le préfet d’Indre-et-Loire. Comme le Loir-et-Cher, l’Indre-et-Loire fait pour l’instant figure d’exception en Centre-Val de Loire, 4 ou 5e région française pour la production d’énergies éolienne et photovoltaïque.
L’implantation de nouvelles éoliennes illustre le casse-tête pour les collectivités de conjuguer transition énergétique et défense du patrimoine et de l’environnement.
L’implantation de nouvelles éoliennes illustre le casse-tête pour les collectivités de conjuguer transition énergétique et défense du patrimoine et de l’environnement. (Crédits : ( © France renouvelable))

Vent debout. Les quatre principales associations nationales de défense du patrimoine, Sites & monuments, la Demeure historique, Vieilles maisons françaises (VMF) et Patrimoine environnement, ainsi que plusieurs associations départementales, déposeront courant avril un recours devant la Cour administrative d'appel de Versailles. En ligne de mire, la décision prise le 12 février dernier par le préfet d'Indre-et-Loire, Patrice Latron, autorisant l'implantation d'éoliennes à Ouzouer-en-Touraine, à une vingtaine de kilomètres à vol d'oiseau du château royal d'Amboise.

Porté par la société québécoise Innergex, le projet Oratorio prévoit ainsi l'installation de cinq mâts. « Ces éoliennes de 142 mètres de haut seront non seulement visibles depuis le château mais encore dénatureront le panorama de la vallée de la Loire inscrit au patrimoine commun de l'humanité, explique Jacques Gaudet, président de l'association de défense de la Gâtine tourangelle (ADEGT), fer de lance de la fronde. Au-delà de la pollution visuelle qu'il entrainerait, ce projet est enfin illégal au regard des règles de protection patrimoniale édictées par l'Unesco ». Outre Oratorio, cinq autres projets d'implantations d'éoliennes en cours d'instruction en Indre-et-Loire feraient également l'objet d'un recours, d'après l'ADEGT.

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Le Berry et la Beauce terres d'éoliennes

Cette bataille, engagées depuis des années, illustre la spécificité de l'Indre-et-Loire concernant l'implantation d'éoliennes en Centre-Val de Loire. En raison de son riche patrimoine architectural, avec une trentaine de châteaux construits sur son territoire, aucun mât n'y a été installé jusqu'à présent. L'habitat relativement diffus du département empêche également les implantations dans la mesure où les éoliennes doivent également être situées à plus de 500 mètres des habitations. Dans une moindre mesure, le Loir-et)Cher, qui recèle également de monuments exceptionnels (Chambord, Cheverny) et intègre le parc naturel de la Sologne, est aussi pour l'instant peu concerné par les éoliennes. A contrario, l'Indre dans le Berry et l'Eure-et-Loir, avec la plaine beauceronne, déploient déjà respectivement 120 et 250 mâts. Le Loiret ainsi que le Cher sont dans une situation intermédiaire avec chacun une centaine d'éoliennes. Après les Hauts-de-France et le Grand Est, le Centre-Val de Loire se situe ainsi dans le peloton de tête des régions françaises aux côté de la Bretagne, de la Bourgogne-Franche-Comté et de Nouvelle Aquitaine. Environ 21% de l'électricité consommée dans la région provient de l'énergie cinétique du vent.

Doublement de la puissance installée en 2030

Avec environ 600 éoliennes installées sur le territoire, développant une puissance de 1600 Megawatts, la région devra néanmoins accroître sensiblement ses capacités pour répondre aux obligations de la transition énergétique, selon France Renouvelable (ex France éoliennes). Dans ce cadre, la principale association nationale des acteurs et industriels de l'éolien et du photovoltaïque met en avant les objectifs fixés d'ici 2030 par l'Etat et la collectivité régionale. « Le Schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (SRADDET), mis en oeuvre en 2022, table sur une croissance significative de la puissance installée, argumente Théo Fiquet, responsable régional de France renouvelable. Concrètement, il faudra passer de 900 mégawatts produits actuellement par les panneaux solaires à 2.000 mégawatts. Du côté des éoliennes, l'objectif à atteindre nécessitera le doublement des implantations, soit environ 1200 mâts ». Ce plan de marche s'inscrit lui-même au sein d'objectifs nationaux tout aussi ambitieux. D'ici six ans, les seules énergies photovoltaïques et éoliennes sont censées contribuer à hauteur de 55 000 mégawatts dans le plan de réduction de l'empreinte carbone du pays. De quoi multiplier les recours devant les tribunaux dans tout l'Hexagone de la part des défenseurs du patrimoine culturel et naturel.

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