Energies renouvelables : le stockage de la production va devenir clé

Le stockage : pierre angulaire du marché de la production d'électricité verte ? La création d'une co-entreprise entre la PME quimpéroise innovante Entech et le groupe Eiffage Énergie Systèmes illustre l'enjeu de ce segment émergent évalué à un milliard d'euros en France d'ici à six ans. Entech applique aussi sa technologie de stockage sur batteries à la décarbonation du transport maritime mais se déclare plus réservée sur l'hydrogène.
En 2022, l'entreprise Neoen a fait appel à Entech smart energies pour l'assemblage et l'installation des batteries LFP de Pod-Tredan, une unité de stockage d'électricité verte d'une capacité de 8 MW / 8,2 MWh. Composée de 26 armoires climatisées, elle est raccordée au réseau exploité par Enedis.
En 2022, l'entreprise Neoen a fait appel à Entech smart energies pour l'assemblage et l'installation des batteries LFP de Pod-Tredan, une unité de stockage d'électricité verte d'une capacité de 8 MW / 8,2 MWh. Composée de 26 armoires climatisées, elle est raccordée au réseau exploité par Enedis. (Crédits : Neoen)

Réduire les pertes, optimiser les coûts, pallier l'intermittence : au moment où la production d'énergies renouvelables a le vent en poupe, le stockage, qui consiste à préserver une quantité d'énergie produite pour une utilisation ultérieure, représente le segment émergent, complémentaire mais indispensable pour les intégrateurs de solutions durables.

Lire aussiGrâce à sa première centrale de stockage massif d'électricité en Bretagne, Neoen veut réguler le réseau lors des pics cet hiver

« Il n'y a pas de pilotage intelligent sans stockage » aime d'ailleurs à rappeler Christopher Franquet, PDG et fondateur de la société bretonne Entech smart energies. Spécialiste des systèmes de conversion et de stockage d'énergie, la PME réalise aussi 50% de son chiffre d'affaires (45 millions d'euros, +32% en 2023-2024) dans la production d'énergie renouvelable via la fourniture de centrales photovoltaïques (sol, toiture, ombrières) à des énergéticiens, des industriels, des commerces ou des agriculteurs.

Cotée en bourse, cette entreprise en croissance de 175 salariés, a déjà réalisé plus de 400 projets dans le monde (notamment en Afrique) et son carnet de commande ne désemplit pas. Portée par l'essor de l'autoconsommation et la demande croissante des grosses entreprises, sa récente alliance avec Eiffage Énergie Systèmes vient illustrer les enjeux d'un marché de renouvelable en pleine structuration et les besoins industriels auxquels elle devra répondre demain.

Un marché émergent à un milliard d'euros

Avec le concepteur et exploitant de systèmes et d'équipements en génies électrique, industriel, climatique et énergétique, filiale du groupe de BTP Eiffage (21,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023), Entech finalisera cet été, après approbation des régulateurs et autorités compétentes, les statuts d'une co-entreprise annoncée en mai. Détenue à 60% par Eiffage Eiffage Énergie Systèmes (5,94 milliards d'euros en 2023), elle sera dédiée à la réalisation de grands projets de stockage d'électricité.

Par la construction et l'exploitation-maintenance de ces unités de stockage par batteries raccordées au réseau haute tension, les deux partenaires visent un marché évalué à un milliard d'euros en France sur les cinq à six années qui viennent. Ils sont déjà positionnés sur plusieurs installations cibles pour lesquelles les travaux d'études sont avancés.

 « Ce partenariat entre deux entreprises parfois concurrentes sur le segment des centrales photovoltaïques cible l'installation en France métropolitaine, avant l'Europe, de gros projets de plus de 50.000 volts raccordés en haute tension B (HTB, de 50 à 400 kV) » précise Christopher Franquet, joint par La Tribune.

« Il nous fallait pour cela une capacité de déploiement. La réunion des compétences techniques opérationnelles et commerciales d'Entech et d'Eiffage auprès des développeurs va permettre d'intégrer davantage d'énergies renouvelables au réseau et de contribuer au mix énergétique » fait valoir le dirigeant qui voit dans cette initiative « un nouvel accélérateur de croissance et de rentabilité pour Entech. »

Les promesses de l'alimentation de navires à quai

Sur le marché du stockage, la PME quimpéroise, qui a ouvert des bureaux à Vannes, Angers et Lyon, attaque en parallèle le réseau des ports et du transport maritime ainsi que le marché dit « shore connection ».

Entech vient de signer avec les chantiers de construction et de réparation navale Piriou à Concarneau, un contrat de fourniture d'un conteneur d'alimentation décarbonée à quai de six mètres et de 200 kilowatts en courant continu. Il sera associé à une alimentation en courant alternatif de plus faible puissance.

 « Cet équipement installé d'ici à la fin de l'été permettra de connecter les navires en construction ou en maintenance à quai au réseau électrique du porten remplacement des groupes électrogènes alimentés par des énergies fossiles. C'est une première étape avant de travailler plus globalement à la décarbonation des ports », déclare Christopher Franquet.

Si les nouvelles énergies intègrent également les secteurs des énergies marines, Entech, qui a repris, juste avant Noël 2023, l'ensemble des salariés et des actifs du fabricant d'hydroliennes Sabella (hors hydrolienne D10), avance plus prudemment sur le marché de l'hydrogène bas carbone.

Hydrogène : la technologie mais pas le marché

Vendu un temps comme la solution « magique » pour remplacer le gaz fossile, le secteur est à la peine, au point que l'Agence internationale de l'énergie a largement revu les ambitions à la baisse.

 « Le marché n'est pas mature, la filière doit se construire, baisser ses coûts de production et accroître ses rendements. On se positionne surtout auprès des porteurs de projets. En matière de stockage, l'hydrogène se retrouve en compétition avec les batteries lithium dont le premier marché est l'industrie », confirme Christopher Franquet.

Entech collabore par exemple avec le consortium ZEPH2, autour de l'industrialisation d'un navire de maintenance en mer (Crew Transfer Vessel) à propulsion hybride hydrogène. Destiné aux opérateurs de parcs éoliens en mer, le navire sera décarboné de l'ordre de 50% à 70% par rapport à un navire conventionnel à propulsion diesel. Au sein de ce projet est mené avec l'architecte naval Zéphyr et Borée, le chantier Piriou, Sofresid Engineering et ComposiTIC, la PME travaille sur l'optimisation de la chaîne de conversion électrique hydrogène.

 « Nous restons prudents car la croissance dans les cinq ans à venir va dépendre de la puissance publique. On sera présent puisqu'on a la technologie », assure le patron d'Entech, qui, via le programme ETIncelles lancé fin 2023 par le gouvernement, prépare son passage au stade d'ETI.

Fin juin, la PME innovante présentera l'intégralité de ses résultats 2023-2024. Elle maintient ses perspectives de 130 millions d'euros de chiffre d'affaires et 20% de marge d'Ebitda au 31 mars 2026.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 18/06/2024 à 12:28
Signaler
Stocker dans des batteries : une "couillonade" . Le problème est que nous consommons TROP d'énergie. Les vraies solutions sont l'efficacité énergétique et la sobriété. Au regret de dire que cela passe par quelques renoncements. Entre autre (mon dad...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.