Climat : les concentrations de CO2 ont atteint des records en 2022

Par latribune.fr  |   |  891  mots
En 2022, la concentration dans l'atmosphère en CO2, gaz responsable d'environ 64% de l'effet de réchauffement du climat, a progressé de +150% par rapport à l'année 1750. (Crédits : Reuters)
Les concentrations de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et protoxyde d'azote) ont battu des records en 2022, d'après l'Organisation météorologique mondiale, une institution spécialisée de l'ONU. Une tendance qui n'est pas près de s'inverser et qui risque de faire augmenter la température mondiale au-delà de l'objectif de 1,5°C de l'Accord de Paris.

Encore un triste record battu sur le plan du climat en 2022. Pour la première fois, les concentrations moyennes mondiales de dioxyde de carbone (CO2), le gaz à effet de serre le plus important, ont dépassé de 50% les valeurs préindustrielles. Elles ont d'ailleurs continué à augmenter cette année, d'après le Bulletin des gaz à effet de serre de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une institution spécialisée des Nations unies, publié ce mercredi 15 novembre. Les concentrations de méthane (CH4) et les niveaux de protoxyde d'azote (N2O) ont également battu des records l'an dernier, enregistrant leur plus forte progression annuelle jamais observée.

« Malgré des décennies d'avertissements de la part de la communauté scientifique, la publication de milliers de pages de rapports et l'organisation de dizaines de conférences sur le climat, nous continuons à aller dans la mauvaise direction », a commenté le secrétaire général de l'OMM, Petteri Taalas, dans un communiqué.

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Explosion des concentrations

Dans le détail, en 2022, la concentration dans l'atmosphère en CO2 s'élevait à 417,9 parties par million (ppm), soit une progression de 150% par rapport à l'année 1750. Ce gaz, responsable d'environ 64% de l'effet de réchauffement du climat, provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, indique l'OMM.

Quant à la concentration de méthane, elle était en 2022 de 1.923 parties par milliard (ppb), en hausse de 264% par rapport à 1750. Ce gaz, qui contribue à hauteur de 16% au réchauffement climatique, demeure une dizaine d'années dans l'atmosphère. Son taux d'accroissement l'an dernier a été légèrement inférieur au taux record observé entre 2020 et 2021 tout en étant largement supérieur au taux d'accroissement annuel moyen des dix années précédentes.

Enfin, concernant le protoxyde d'azote, sa concentration a atteint 335,8 ppb en 2022 (+124%). Ce gaz, à l'origine de 7% environ du réchauffement, « n'a jamais été aussi élevé à l'époque moderne », alerte l'OMM.

Vers une inévitable hausse de la température

L'augmentation de la concentration de ces GES a un impact direct sur la température de la planète.

« Le niveau actuel des concentrations de gaz à effet de serre nous conduit vers une augmentation des températures bien supérieure aux objectifs de l'Accord de Paris d'ici à la fin du siècle », avertit Petteri Taalas.

Pour rappel, cet accord conclu en 2015 lors de la COP21 vise à maintenir la hausse de la température moyenne mondiale « bien en deçà de 2°C » par rapport à l'ère préindustrielle et, si possible, de la limiter à 1,5°C. L'OMM a déjà alerté au printemps dernier que cette hausse serait franchie pour la première fois sur 12 mois au cours des cinq prochaines années. Reste qu'il faudra toutefois mesurer le 1,5°C en moyenne sur plusieurs années pour considérer le seuil atteint du point de vue climatique.

Le Giec, qui rassemble les experts du climat mandatés par les Nations unies, prévoit qu'il le sera avec 50% de chances dès les années 2030-2035, compte tenu du rythme des émissions de gaz à effet de serre. Le climat actuel est en tout cas déjà considéré comme réchauffé d'environ 1,2°C par rapport à 1850-1900.

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Conséquences de cette augmentation de la température : « Les conditions météorologiques deviendront plus extrêmes : chaleur intense et fortes précipitations, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer et réchauffement et acidification des océans », prévient le chef de l'OMM. Et d'ajouter : « Nous assisterons à une flambée des coûts socio-économiques et environnementaux ».

Alerte sur alerte, à deux semaines de la COP28

Les alertes de l'ONU se multiplient ces derniers jours, à deux semaines de la COP28, la prochaine conférence climat des Nations unies qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Mardi, l'ONU Climat alertait en effet sur la mauvaise trajectoire prise par les États en matière de réduction des émissions : avec les engagements actuels, elles ne seraient réduites que de 2% en 2030 par rapport à 2019. Or, elles doivent diminuer de 43% pour espérer tenir l'objectif de l'accord de Paris.

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La COP28 doit donc être le rendez-vous qui mènera à des engagements forts en matière de climat. De nombreux sujets - qui suscitent des désaccords entre les pays - seront au cœur des discussions : la sortie des énergies fossiles, le financement de la transition énergétique, le partage des responsabilités entre les pays développés, les pollueurs, la solidarité avec les pays plus vulnérables... Autant d'éléments cruciaux pour réduire les émissions mondiales et parvenir à limiter le réchauffement de la planète.

Outre des mesures à mettre en place, l'OMM estime aussi nécessaire de disposer de davantage d'informations dans plusieurs domaines, même si la communauté scientifique connaît déjà bien le changement climatique et ses implications. Notamment que les « mécanismes de rétroaction », qui sont par exemple l'augmentation des émissions de carbone par les sols ou la diminution de l'absorption du carbone par les océans en raison du changement climatique.

(Avec AFP)