![En 2023, 454.300 hectares ont été déboisés en Amazonie, soit 62,2% de moins qu'en 2022.](https://static.latribune.fr/full_width/2344391/des-images-de-drone-montrent-la-deforestation-en-amazonie-bresilienne.jpg)
Triste première. La déforestation dans le Cerrado, qui s'étend sur 11 Etats du centre et du nord-est du Brésil, a été supérieure à celle de l'Amazonie depuis que la plateforme collaborative Mapbiomas a commencé à compiler en 2019 des données provenant de divers systèmes de cartographie par satellite.
Plus de 1,11 million d'hectares ont été détruits dans cette région en 2023, soit 68% de plus que l'an passé, selon le collectif d'ONG et d'universités brésiliennes. Ces pertes représentent près des deux tiers de la déforestation subie par l'ensemble du Brésil et environ 2,4 fois la destruction enregistrée en Amazonie, pointe le rapport.
À relativiser toutefois : l'année dernière, 454.300 hectares ont été déboisés en Amazonie, soit 62,2% de moins qu'en 2022. Lors du mandat de Jair Bolsonaro (2019-2022), allié de l'agro-négoce, la déforestation annuelle avait subi en moyenne une hausse de 75% en comparaison de la décennie précédente.
« Le visage de la déforestation change au Brésil, se concentrant dans les biomes dominés par les savanes et les prairies, et diminuant dans les zones de jungle », a déclaré Tasso Azevedo, coordinateur de MapBiomas.
Mais dans tous les cas, « presque toute la déforestation dans le pays (97%) a pour vecteur l'expansion agricole », a souligné MapBiomas. Plus de 93% des destructions « présentaient au moins un indice d'illégalité » ou d'irrégularité, selon des données de l'Institut de recherche environnementale de l'Amazonie (Ipam).
Des conséquences de plus en plus évidentes
Plus généralement, la déforestation au Brésil a diminué en 2023 pour la première fois en quatre ans, soit une baisse de 11,6% par rapport à l'année précédente. Ce rapport est toutefois une nouvelle douce-amère pour le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui se présente comme un champion de la lutte contre le changement climatique et s'est engagé à éradiquer d'ici 2030 la déforestation illégale au Brésil.
La destruction de la végétation native dans cet immense pays a des conséquences de plus en plus évidentes. Le Rio Grande do Sul, à la frontière avec l'Uruguay et l'Argentine, a ainsi vécu ces dernières semaines le pire désastre climatique de son histoire, des zones urbaines comme rurales étant submergées par les crues causées par des pluies exceptionnelles.
Quatrième événement climatique extrême subi par la région en moins d'un an, il s'est révélé le plus dévastateur, avec quelque 160 morts et des dizaines de disparus. Sans compter les dégâts gigantesques visibles dans les rues de la capitale régionale Porto Alegre et d'innombrables localités, champs et usines. Or, de 1985 à 2022, le Rio Grande do Sul, dont la production agricole est essentielle pour l'économie brésilienne, a perdu environ 22% de sa végétation autochtone, soit 3,6 millions d'hectares, selon une étude du collectif MapBiomas.
La Cour interaméricaine des droits de l'Homme a ouvert une série d'audiences au cœur de l'Amazonie
C'est dans ce contexte que la Cour interaméricaine des droits de l'Homme a ouvert lundi une série d'audiences à Manaus, au cœur de l'Amazonie brésilienne, où des leaders indigènes et d'autres représentants de la société civile témoignent des effets du changement climatique sur leurs vies.
L'Amazonie, qui abrite la plus grande forêt tropicale de la planète, est « une région à la transcendance indubitable » pour évoquer le sujet du climat, a déclaré la présidente, la Costaricaine Nancy Hernandez Lopez, à l'ouverture de la séance. « Cette audience publique a pour but d'établir un dialogue direct, divers et participatif, pour aider le tribunal à obtenir des éléments de jugement » sur les obligations des Etats en matière de lutte contre l'urgence climatique, a-t-elle ajouté.
La Cour interaméricaine des droits de l'Homme a été saisie en janvier 2023 par le Chili et la Colombie, qui lui ont demandé une « opinion consultative » pour « éclaircir l'ampleur des obligations » de chaque pays « pour répondre à l'urgence climatique dans le cadre du droit international ». Cette « opinion consultative » doit être rendue d'ici la fin de l'année, a indiqué une source de la cour à l'AFP. La première audience a eu lieu en avril à la Barbade, et une autre s'est tenue vendredi dernier à Brasilia.
(Avec AFP)
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