Bourgogne-Franche-Comté : le tourisme fluvial se met au vert

LE TOURISME DE DEMAIN (4/4). Le tourisme fluvial en Bourgogne-Franche-Comté repart à la hausse après quelques années difficiles et surfe sur la tendance du slow tourisme. Les acteurs du secteur en profitent aussi pour verdir leur flotte, à grand renfort d'hydrogène et d'électrique.
Les bateaux thermiques des Canalous ont été convertis au biocarburant
Les bateaux thermiques des Canalous ont été convertis au biocarburant (Crédits : Les Canalous)

La Bourgogne-Franche-Comté offre 1.400 kilomètres de voies navigables. Quatre canaux (le canal de Bourgogne, le canal du Centre, le canal du Rhône au Rhin, le canal du Nivernais) et également quatre rivières navigables (la Saône, l'Yonne, la Seille navigable, le Doubs). « Si ce secteur est bien implanté dans la région depuis plusieurs dizaines d'années (30 ans pour le canal de Bourgogne), il a beaucoup souffert de la crise sanitaire », constate Nathalie Labosse, conseillère régionale déléguée en charge de l'itinérance touristique déléguée et de la ruralité. « Toutefois, le secteur repart à la hausse depuis 2023 », poursuit-elle.

Selon une étude publiée par les Voies navigables de France (VNF), la flotte 2023 était, en effet, en augmentation de 19% par rapport à 2022. Les coches de plaisance (bateau de location d'une longueur comprise entre 5 et 15 mètres, habitables ou non habitables) représentent 89% du nombre de bateaux et 57% du nombre de lits. Les paquebots fluviaux quant à eux ne représentaient que 2% de la flotte, mais 33% des lits.

La notion de liberté

Une hausse de fréquentation que confirme Alfred Carignant, PDG du groupe Les Canalous, dont le siège est à Digoin, en Saône-et-Loire (50 salariés permanents, 8 millions de chiffre d'affaires, 17 places de location en France avec une flotte de 300 bateaux). « Cette année, malgré une météo capricieuse au printemps, nous avons un taux de réservation en hausse de 15% pour la saison », précise-t-il.

Ce dernier revendique la liberté qu'offre ce type de vacances. « Contrairement au camping ou au caravaning, avec un bateau, on peut s'amarrer n'importe où », souligne Alfred Carignant. « Ce sont des vacances qui permettent de vraiment se dépayser sans forcément aller très loin de chez soi parce qu'il y a des voies d'eau un petit peu partout en France, et surtout en Bourgogne », poursuit-il.

Le cœur de son activité vise des locations à la semaine. Les bateaux parcourent en moyenne 25 kilomètres par jour et roulent entre 4 et 8 km/h. L'idée est de rompre avec le quotidien, prendre le temps de profiter des paysages et de s'arrêter pour découvrir les richesses culturelles et gastronomiques.

La cible des « repeaters » et du « slow tourisme »

La Bourgogne-Franche-Comté offre une multitude de formules, accessibles à tous, couples, familles et amis. Mais c'est aussi une formule idéale pour la cible des « repeaters ». « Le tourisme fluvial est une nouvelle façon de redécouvrir la région pour celles et ceux qui la connaissent déjà », souligne Nathalie Labosse. Par exemple, les amateurs de vins peuvent apprécier les formules qui allient balades fluviales et dégustation de vins dans le Tonnerrois (Yonne) et la côte Chalonnaise (Sâone-et-Loire).

Quant à la cible des touristes intéressés par le « slow tourisme », la maire de Noyers-sur-Serein, dans l'Yonne, considère que c'est une cible identique à celle qui apprécie les grands espaces verts que l'on peut retrouver notamment dans le Morvan. « Notre région a des atouts puisqu'elle allie à la fois le côté paisible de l'eau et de la nature », poursuit Nathalie Labosse.

Les bateaux électriques : un nouvel axe de développement ?

« La région encourage les loueurs à se tourner vers l'électrique et l'hydrogène », souligne, par ailleurs, la conseillère régionale. A Auxerre, par exemple, un loueur de vélo, Maison du vélo, a racheté en 2017, trois bateaux électriques qui naviguent sur l'Yonne, et qui étaient auparavant proposés par l'office de tourisme au niveau des quais.

De son côté, l'entreprise des Canalous a fabriqué dans ses ateliers, deux nouveaux bateaux électriques, louables à la journée. « Ils ont une autonomie à plein régime de 4 heures de navigation », précise Alfred Carignant. Ces bateaux sont équipés d'un groupe électrogène qui tourne au HVO (huile végétale hydrotraitée) et permet de pallier l'électrique si besoin. « Dans le pire des scénarios, la moitié du temps les touristes tournent avec un groupe électrogène HVO et l'autre moitié du temps en électrique », poursuit-il. Toutefois, si les touristes naviguent moins vite, le bateau peut tout de même tenir une journée complète à l'électrique.

Le HVO : Une alternative plus chère, mais accessible immédiatement

Pour le reste de sa flotte, Les Canalous a converti l'ensemble de ses bateaux thermiques en HVO. « C'est très simple pour substituer le diesel au HVO, il n'y aucune modification à effectuer sur les bateaux. C'est le même réservoir », explique Alfred Carignant. Une opération qui a permis à l'entreprise familiale de baisser de 92% son empreinte carbone.

Pour approvisionner l'ensemble de ses bateaux, le dirigeant a réussi à nouer des partenariats avec des distributeurs, notamment avec Total Energies. « Le prix de ce biocarburant varie entre 15 et 20% plus cher que le diesel, en fonction de la proximité de nos bases », précise Alfred Carignant. En revanche, l'entreprise a mis en « stand by » son bateau à hydrogène, trop coûteux en fonctionnement et en approvisionnement.

Les chiffres clés de la filière fluviale en Bourgogne-Franche-Comté

  • 1.400 km répartis sur 11 voies navigables
  • 63 ports et haltes de plaisance
  • 384 bateaux habitables à la location / coches de plaisance, proposés par 15 loueurs sur 24 bases
  • 38 péniches hôtels
  • 1er bassin français (avec 40% de l'offre)
  • 9 paquebots fluviaux (5ème bassin français)
  • 17 bateaux-promenades (6ème bassin français)
  • Investissement : 9,4 millions d'euros en moyenne annuelle 2017-2019.

(Sources : VNF - BFC Tourisme)

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