Arrêt du gaz russe : l'allemand Uniper va réclamer plus de 13 milliards d'euros à Gazprom

L'énergéticien allemand Uniper a annoncé ce mercredi avoir obtenu le droit de réclamer « plus de 13 milliards d'euros » à Gazprom. Cette décision émane d'un tribunal arbitral que l'entreprise allemande avait saisi fin 2022, dans le but d'obtenir des compensations après l'arrêt total des livraisons de gaz par son ancien partenaire russe à la suite du début de la guerre en Ukraine.
Cette décision est également de bon augure pour un autre énergéticien allemand, RWE, qui a aussi saisi un tribunal arbitral pour être dédommagé.
Cette décision est également de bon augure pour un autre énergéticien allemand, RWE, qui a aussi saisi un tribunal arbitral pour être dédommagé. (Crédits : Reuters)

Plus d'un an et demi après le début de son bras de fer contre son ancien partenaire russe Gazprom, le géant allemand de l'énergie Uniper obtient gain de cause. Pour rappel, il avait saisi en novembre 2022 un tribunal d'arbitrage international situé à Stockholm, en Suède, pour être dédommagé des coupures de livraison de gaz russe à l'Allemagne via le gazoduc Nord Stream. Il exigeait des « dommages et intérêts en rapport avec les volumes non livrés depuis juin » 2022, les livraisons ayant d'abord été réduites après l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, avant de totalement s'interrompre. Ce mercredi, Uniper a annoncé avoir obtenu le droit de réclamer « plus de 13 milliards d'euros » en compensation.

« Cette décision crée une clarté juridique pour Uniper », même s'« il n'est pas encore possible d'estimer si des montants significatifs (d'indemnisation) sont attendus », a commenté Michael Lewis, PDG d'Uniper, dans un communiqué.

La décision arbitrale, non publique et rendue le 7 juin selon Uniper, accorde aussi à l'énergéticien le droit de résilier ses contrats avec Gazprom, restés en vigueur sur l'approvisionnement à long terme de gaz, a précisé le patron de l'entreprise basée à Düsseldorf, dans l'ouest de l'Allemagne.

Cette décision est également de bon augure pour un autre énergéticien allemand, également victime de coupures de livraison de gaz russe. RWE avait aussi saisi un tribunal arbitral quelques jours après son homologue, en décembre 2022, afin d'être dédommagé. La décision le concernant n'a, en revanche, pas encore été rendue.

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Les réparations iront dans les caisses de l'État

L'arrêt total des livraisons avait fait passer Uniper tout près de la faillite. Car l'énergéticien était le principal client du russe Gazprom en Allemagne, un pays dont le modèle économique reposait sur l'importation de gaz russe bon marché pour le secteur industriel. La guerre en Ukraine a bouleversé ces équilibres, forçant le pays à changer de paradigme, au prix d'une envolée des coûts de l'énergie pour les entreprises. Et faute de gaz livré par Gazprom, Uniper avait dû, pour honorer ses contrats, se procurer du gaz sur le marché au comptant où les prix avaient explosé au cours de l'été 2022. Ainsi, entre janvier et septembre de cette année-là, il avait enregistré une perte de 40 milliards d'euros, du jamais-vu pour une entreprise allemande. Gazprom avait invoqué à l'époque la « force majeure » pour justifier l'arrêt des livraisons, sans donner plus de détail.

Pour que l'entreprise ne coule pas, l'État allemand n'avait pas eu d'autre choix que de voler à son secours en nationalisant Uniper en septembre 2022 grâce à une aide conséquente de 13,5 milliards d'euros. Une mesure nécessaire puisqu'une faillite du groupe, en charge de 40% de l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne, aurait provoqué un effet domino sur l'ensemble du secteur de l'énergie dans le pays. Pour financer ce sauvetage et plafonner les prix du gaz et de l'électricité, le gouvernement allemand avait au total débloqué une enveloppe géante de 200 milliards d'euros, financée par l'emprunt et par une taxe sur les superprofits des énergéticiens. En conséquence, les réparations qu'Uniper pourra effectivement obtenir seront versées dans les caisses de l'État, a précisé le groupe.

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Le plus dur semble passé pour Uniper

Uniper est aujourd'hui dans une bonne posture financière, en témoignent ses résultats pour l'année 2023 publiés en février. Il a fait état d'un bénéfice net ajusté de 4,4 milliards d'euros, conforme à sa prévision qui s'établissait entre 4 et 5 milliards d'euros. De même, le résultat d'exploitation (EBIT) ajusté, à plus de 6,3 milliards d'euros, s'est révélé dans les clous des prévisions, grâce à un bon environnement de marché.

Compte tenu de ce regain, le gazier a indiqué qu'il allait provisionner près de 2,3 milliards d'euros sur ses bénéfices réalisés en 2023 en vue de remboursements liés à sa nationalisation. Le montant final de ce paiement, exigible début 2025, dépendra des résultats de 2024 et sera payé à partir des liquidités existantes, a expliqué le groupe. Pour rappel, en raison du droit européen de la concurrence et d'après le plan de sauvetage, le gouvernement allemand devra revendre au moins 75% des actions du groupe, au plus tard en 2028.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 15/06/2024 à 14:52
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Bonjour, bien sûr , un accord économique d'échange a des termes a respecter... Maintenant, je ne suis pas sûr, que l'Allemagne recevra les dédommagement de l'arrêt de l'exportation du gaz russe .. Gazprom est une entreprise nationale et l'honnêteté...

à écrit le 13/06/2024 à 0:54
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Douteux que la Russie honore ses dettes. Mafieux un jour, mafieux toujours... Ai eu connaissance il y a peu, que la destruction du pipe était, plus que probablement, d'origine russe; car les seuls à en tirer un avantage.

à écrit le 13/06/2024 à 0:47
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mdr, c'est l'allemagne qui a suspendu ses livraisons de gaz et qui refusait de payer ses factures. les usa on detruit nordstream 1 et la moitié du 2, sur ordre des usa les allemands ont refusé de la mettre en service. ils ont le droit de reclamer, il...

à écrit le 12/06/2024 à 17:18
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Il me semblait pourtant que la Russie n'avait pas coupé le gaz. Le sabotage du pipeline1 a réduit les livraisons, mais le pipe2 devrait toujours fonctionner. C'est l'europe qui refuse d'acheter le gaz russe pour ne pas financer la guerre, d'après ce ...

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