Total Energies augmente sa production d'hydrocarbures, Agnès Pannier-Runacher le « regrette »

La ministre de la Transition énergétique a dit « regretter » la décision de TotalEnergies d'augmenter sa production d'hydrocarbures à horizon 2030. Agnès Pannier-Runacher ne comprend d'ailleurs pas cette volonté de développer de nouveaux actifs. Selon elle, « une entreprise pétro-gazière qui ne sait pas inventer son modèle décaborné est sans avenir ».
Totalenergies prévoit investir entre 14 et 18 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, dont 30% dans de nouveaux projets pétro-gaziers et environ 33% dans les énergies bas carbone.
Totalenergies prévoit investir entre 14 et 18 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, dont 30% dans de nouveaux projets pétro-gaziers et environ 33% dans les énergies bas carbone. (Crédits : Amaury Cornu / Hans Lucas via Reuters Connect)

TotalEnergies continue d'investir dans de nouveaux projets pétro-gaziers et ce n 'est pas du goût d'Agnès Pannier-Runacher. Alors que le groupe a en effet annoncé fin septembre qu'il comptait « augmenter sa production d'hydrocarbures de 2% à 3% par an sur les cinq prochaines années », notamment pour répondre à la demande dans les pays émergents, la ministre de la transition énergétique tape du poing sur la table

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« C'est un fait et je le regrette : les entreprises pétrolières et gazières veulent poursuivre leurs activités d'exploration et de production », a-t-elle déploré dans un entretien accordé au Monde ce mardi. Et d'ajouter :

« Je le dis sans détour : une entreprise pétro-gazière qui ne sait pas inventer son modèle décaborné est sans avenir », a déclaré la ministre.

Le géant français avait précisé qu'il prévoit investir entre 14 et 18 milliards de dollars dans les cinq prochaines années, et entre 16 et 18 milliards dans la fourchette haute, dont 30% dans de nouveaux projets pétro-gaziers et environ 33% dans les énergies bas carbone. TotalEnergies compte parvenir à son objectif en s'appuyant sur son « riche portefeuille de projets à bas coûts et à faibles émissions » de gaz à effet de serre. Le groupe avait par ailleurs indiqué qu'il avait l'intention de réduire « de manière drastique les émissions de ses opérations », confirmant son objectif de réduction de 40% d'ici 2030 par rapport à 2015.

Les fossiles dans le viseur

Pour Agnès Pannier-Runacher, « le premier sujet est d'obtenir de l'ensemble du secteur des décisions sur les émissions liées à la production. Et pour agir sur les émissions liées à l'utilisation des hydrocarbures, il faut des politiques de baisse de l'utilisation des fossiles ».

« C'est ce que nous mettons en place : à un moment, le pétrole sera mécaniquement absent du [bouquet] énergétique français et ce sera pareil pour tout le continent européen », a-t-elle ajouté.

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Reste que, dans les faits, on en est encore loin. Les pays du G20 ont en effet accordé en 2022 un niveau record de subventions aux combustibles fossiles : plus de deux fois plus qu'en 2021, à près de 1.300 milliards de dollars, selon un rapport de BloombergNEF (BNEF) publié ce mardi. Quelque 830 milliards sont allés dans le soutien aux prix, pour les consommateurs. Le reste est allé aux producteurs de gaz, de pétrole et de charbon, « même si nombre d'entre eux engrangeaient des bénéfices record » (à +84% in 2022), souligne BNEF. En 2021, ces subventions étaient de 583 milliards, indique le groupe d'experts, qui se fonde sur des données entre autres de l'OCDE et de l'Agence internationale de l'énergie. En 2023, ces subventions devraient légèrement reculer par rapport à 2022, mais rester au-dessus du niveau des années précédentes, estime-t-il.

« Un certain nombre de gouvernements ont maintenu en 2023 leur soutien à la crise énergétique, ce qui signifie que les niveaux de soutien aux énergies fossiles resteront probablement plus élevés que la tendance moyenne d'avant 2022 », a indiqué à l'AFP Victoria Cuming, coautrice du rapport.

Un sujet au cœur de la COP28

La sortie des énergies fossiles sera en tout cas l'un des sujets centraux de la COP28, la prochaine conférence sur le climat qui se tiendra à partir du 30 novembre prochain à Dubaï. Mais pas le seul : financement de la transition énergétique, partage des responsabilités entre les pays développés, pollueurs, solidarité avec les pays plus vulnérables sont autant de thèmes au programme, qui font l'objet de forts désaccords entre les pays.

Ce rendez-vous doit en tout cas être celui qui mènera à des engagements forts en matière de climat. Ce qui est crucial pour réduire les émissions mondiales et parvenir à limiter le réchauffement de la planète sur la trajectoire de l'Accord de Paris - à savoir limiter le réchauffement bien au-dessous de 2°C et si possible à 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle.

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Commentaires 10
à écrit le 22/11/2023 à 20:01
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Oh ben Agnès qui vient de sortir du monde des bisounours😯Pourtant, ce gouvernement n'a de cesse à suivre les mantras du néolibéralisme, mais en oublie ce précepte publié en septembre 1970 dans The New York Times Magazine. Ce texte avait comme sous-ti...

à écrit le 22/11/2023 à 18:54
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Mme Agnès Pannier-Runacher est-elle informée que la France a importée cette année plus de 1.5 milliards de dollars de GNL russe ??? Que TotalEnergie participe à la diversification des sources d'énergie, est-ce un tord ??? Que mme Agnès Pannier-Runa...

à écrit le 22/11/2023 à 17:57
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Si Mme la ministre le géant total énergie a un avenir assuré car , ne vous en déplaise,il brasse des milliards pour enrichir le monde nouveau des pays émergents .qui ne s arrêtera pas de produire de la richesse parce que vous êtes contrariée du fait...

à écrit le 22/11/2023 à 15:53
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Bien sûr, si Total Energie renonce à exploiter ces hydrocarbures, ses concurrents mondiaux vont certainement s'abstenir d'y toucher, sachant que la demande de la Chine et des pays en voie de développements ne fait qu'augmenter, alors que celle de l'E...

à écrit le 22/11/2023 à 12:06
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Encore un peu plus de critiques sur Total Energie et ce fleuron Français comme d'autres ira planter son siège social à AMSTERDAM ou en IRLANDE. La Macronie et cette pauvrette ne comprennent pas que la transition énergétique va coûter des centaines d...

à écrit le 22/11/2023 à 11:04
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Cette ministre hors sol ferait bien de vivre et de voir les réalités. Il est impossible de maintenir notre mode de vie, même en étant plus sobre, sans pétrole et gaz. Les moulins à vent et le soleil, intermittents, ne produisent pas un grand nombre d...

à écrit le 22/11/2023 à 10:24
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La lutte contre le réchauffement climatique n'est qu'une mode passagère, qui va passer, comme toutes les modes. Le gouvernement alloue des milliards pour cela, ce qui ne sert strictement à rien. L'humanité va continuer à consommer du pétrole, comme e...

à écrit le 22/11/2023 à 10:16
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Il est, en effet, inadmissible qu'une entreprise, dont l'objet est d'extraire et de vendre du pétrole, s'efforce d'extraire et de vendre du pétrole. Nul doute que le brillant ministre en question de déplace à vélo, porte des chapeaux en photovoltaiqu...

à écrit le 22/11/2023 à 9:30
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Le sujet est l’utilisation des 41 milliards de ce ministère, soit un montant inouï dont on ne sait pas en quoi il contribue à l’amélioration de nos pratiques..Total répond à une demande..

à écrit le 22/11/2023 à 9:16
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ils n'arrivent pas a gerer la france, et donnent des bonnes lecons de strategie aux autres!! y en a qui ne s'etouffent pas de ridicule!!!! elle a vu ou segolene royal, cosse duflot et montebourg ont envoye EDF, avec leurs grandes strategies d etat st...

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