Pour Jérôme Kerviel, sa hiérarchie ne pouvait ignorer ses positions

D'après le site MediaPart, qui révèle les déclarations du jeune trader aux policiers de la brigade financière, certains responsables de la Société Générale "auraient fermé les yeux". Jérôme Kerviel aurait expliqué aux policiers des techniques de salle de marché pour "dissimuler des valorisations"

C'est un véritable pavé dans la mare. D'après le site MediaPart qui s'est procuré une copie de la déposition de Jérôme Kerviel aux policiers de la brigade financière, le jeune trader à qui est reproché une "faute" ayant coûté à la Société Générale une perte de 4,9 milliards d'euros assure que sa hiérarchie était au courant de ses opérations sur le marché des contrats à terme sur indices boursiers européens et qu'elle aurait "fermé les yeux". Ses déclarations suggèrent que les malversations dont il est suspecté auraient été réalisées avec l'aval implicite de la direction de la banque.

"Je ne peux pas croire que ma hiérarchie n'avait pas conscience des montants que j'engageais, il est impossible de générer de tels profits avec de petites positions. Ce qui m'amène à dire que lorsque je suis en positif, ma hiérarchie ferme les yeux sur les modalités et les volumes engagés. Au quotidien, au titre d'une activité normale avec des engagements normaux, un trader ne peut générer autant de cash", aurait d'après MediaPart confié Jérôme Kerviel aux policiers. Le trader de la Société Générale va même plus loin en affirmant que les opérations de dissimulation sont une pratique courante dans la banque.

Il a aussi évoqué la technique dite du "matelas", visiblement fréquemment utilisée dans les salles de marché pour masquer des valorisations. "Quand un manager, à l'instant T de l'année, estime que son desk a atteint ses objectifs de profits et de loss (pertes, NDLR), il peut décider de reporter la trésorerie sur l'exercice suivant, ce en le dissimulant par des moyens divers"

Comme l'ont déjà laissé entendre les dirigeants de la Société Générale, Jérôme Kerviel leur a déclaré n'avoir pas agi pour son compte personnel, mais dans le but de "faire gagner de l'argent à ma banque". Histoire d'enfoncer un peu plus le clou, et confirmant par la même occasion des soupçons de dysfonctionnement dans le management de la banque française en matière de muraille de Chine entre les activités de trading et les services de contrôle et de validation (middle office) des opérations, il reconnaît être le seul à être passé par le middle office avant de devenir trader: "je ne suis pas arrivé directement au front office (salle de marché), je suis passé par le middle office et je suis le seul dans ce cas".

Ces déclarations éclairent d'un jour nouveau les circonstances qui ont donné lieu à la perte la plus importante de l'histoire de la finance. Jérôme Kerviel, âgé de 31 ans et entré à la Société Générale en 2000, a été mis en examen lundi pour "abus de confiance", "faux et usage de faux" et "introduction dans un système de traitement automatisé de données informatiques".

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