Nicolas Sarkozy décrypte sa "politique de civilisation"pour la France

Lors de la première conférence de presse depuis son élection en mai, le Président de la République a présenté son projet de "politique de civilisation". Avec des annonces en matière de mesure de la croissance, de participation des salariés, de réforme des hôpitaux et des universités, et des OGM. Nicolas Sarkozy a également affirmé souhaiter la fin des 35 heures en 2008.

Nicolas Sarkozy a défendu ce matin son projet controversé de "politique de civilisation". "Je sais que cette politique de civilisation a suscité chez un grand nombre d'entre vous nombre d'interrogations", a-t-il dit, affirmant qu'il ne s'agissait pas "d'une formule de circonstance, mais d'une conviction profonde, d'un engagement fort".

"J'ai été élu en promettant un changement en profondeur, une véritable rupture", a lancé M. Sarkozy, évoquant une campagne présidentielle "dans laquelle les valeurs ont tenu une place centrale". "La politique de la civilisation, c'est la politique de la vie", a-t-il insisté, citant l'auteur de cette formule, le sociologue Edgar Morin, qui "a dit que c'était une politique de l'homme".

Mesure de la croissance. Le président de la République a par ailleurs indiqué avoir chargé deux Prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz et Armatya Sen, de réfléchir au changement des instruments de mesure de la croissance. "Il faut changer notre instrument de mesure de la croissance", a-t-il déclaré, estimant qu'il faut réfléchir "aux limites de notre comptabilité nationale et de PNB", qui doivent prendre en compte "les conditions réelles et la qualité de vie des Français". Les nouveaux indices prendraient mieux en compte la perception des Français, qui "n'en peuvent plus de l'écart grandissant entre des statistiques qui affichent un progrès continu et des difficultés croissantes qu'ils éprouvent dans leur vie quotidienne", selon Nicolas Sarkozy.

Modification de la Constitution. Nicolas Sarkozy veut également faire inscrire l'égalité hommes-femmes, le respect de la diversité, l'intégration et la bioéthique dans le préambule de la Constitution. Il a indiqué avoir demandé à Simone Veil, qui l'a accepté, de présider la Commission qui sera chargée de rédiger un projet de texte. "Il s'agit que sur les problèmes philosophiques, moraux, éthiques posés par la modernité, notre Constitution soit en avance sur notre temps et non pas en retard", a-t-il expliqué.

Participation des salariés. Nicolas Sarkozy a également souhaité que le niveau de la participation et de l'intéressement aux résultats des entreprises, pour les salariés, soit "fortement relevé", ajoutant qu'un "doublement ou un triplement de la réserve de participation", ne le choquerait pas. "En 2008, la politique de civilisation s'exprimera dans notre capacité à mieux partager les rentes et les profits, partager plus équitablement les efforts de tous", a déclaré le président, qui veut "que les programmes de stocks-options et la distribution d'actions gratuites bénéficient à tous les salariés de l'entreprise et pas seulement à quelques-uns".

"Nous allons créer les conditions réglementaires et fiscales pour que la participation et l'intéressement puissent s'étendre à toutes les entreprises, même à celles de moins de 50 salariés", a-t-il également indiqué. "Pour cela nous sommes prêts à avoir un impôt sur les bénéfices différencié pour les entreprises de moins de 50 salariés qui se lanceraient dans la participation et dans l'intéressement", a-t-il annoncé.

Défense des entreprises. Nicolas Sarkozy a également indiqué qu'il souhaitait faire de la Caisse des dépôts "un instrument de la politique de défense" des entreprises face à la montée des fonds spéculatifs. "Face à la montée en puissance des fonds spéculatifs extrêmement agressifs et des fonds souverains qui n'obéissent à aucune logique économique" la France assume "le choix politique, stratégique, de protéger ses entreprises, de leur donner les moyens de se défendre et de se développer", a-t-il déclaré.

TVA sociale. Le chef de l'Etat a par ailleurs estimé que d'avoir parlé d'instaurer une TVA sociale était "une erreur", notamment parce que TVA sociale, cela "ne veut rien dire". "On a fait deux erreurs. La première, c'est d'utiliser ce mot, cela n'a rien de social, donc on aurait bien mieux fait de parler de transfert de charges de la production à la consommation", a expliqué M. "Et deuxièment, c'était aussi une erreur d'en parler sans le faire. Soit vous le faites, soit vous ne le faites pas, et dans ce cas-là vous allez jusqu'au bout", a reconnu le chef de l'Etat.

Quotas d'immigration. En matière d'immigration, Nicolas Sarkozy a réclamé que la France aille "jusqu'au bout d'une politique fondée sur des quotas". "J'ai demandé (au ministre de l'Immigration) Brice Hortefeux (...) d'aller jusqu'au bout d'une politique fondée sur des quotas", a-t-il affirmé. "Cela fait trop longtemps qu'on en parle. Tout le monde sait que c'est la seule solution. Eh bien il faut franchir le pas, et arrêter de vouloir protéger les uns, ne pas choquer les autres. Avec cela, on n'a que des problèmes".

Réforme de l'hôpital. Nicolas Sarkozy a appelé mardi à un "changement complet de gouvernance de l'hôpital, de fond en comble" en 2008. "Malgré le dévouement et la compétence des médecins et des équipes para-médicales, l'hôpital est en déshérence et les 35 heures lui ont porté le coup de grâce", a estimé le chef de l'Etat. Avant d'affirmer: "on va en 2008 changer la gouvernance de l'hôpital de fond en comble parce que l'hôpital n'est plus gouverné, parce que dans l'hôpital aujourd'hui chacun a suffisamment de pouvoirs pour dire non et personne n'a du pouvoir pour dire oui".

Réforme des universités. "Nous devons refaire des universités où on a envie d'étudier, où on a les moyens d'étudier, qui soient des lieux de convivialité et d'effervescence intellectuelle", a par ailleurs expliqué le chef de l'Etat, soucieux d'"offrir à nos étudiants un cadre et des conditions de vie à la hauteur de l'idée que nous nous faisons de la place du savoir dans notre civilisation". "En 2008, nous sélectionnerons les dix premiers grands projets de rénovation universitaire qui témoigneront de l'ambition de notre politique dans ce domaine", a-t-il annoncé.

Clause de sauvegarde pour les OGM. Alors que le comité de préfiguration de la future haute autorité sur les organismes génétiquement modifiés doit se prononcer demain sur le maïs OGM MON 810, le seul OGM actuellement cultivé en France, Nicolas Sarkozy s'est dit prêt à "recourir à la clause de sauvegarde" sur les OGM, s'il y a des "doutes sérieux" sur ceux qui sont cultivés en France, a-t-il déclaré.

35 heures. Prié de dire, lors de sa conférence de presse, s'il souhaitait que cette année soit celle de la fin des 35 heures, il a répondu: "pour dire les choses comme je les pense, oui."

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