Gaz : la banlieue parisienne privée des bienfaits de la concurrence

Selon nos informations, l'appel d'offre lancé fin 2005 par le syndicat intercommunal pour le gaz et l'électricité en Ile-de-France a été déclaré infructueux ce matin. En modérant la hausse des tarifs de Gaz de France, le gouvernement a fermé la porte de ce marché à EDF, Total et Suez.

Si le marché de l'électricité commence à s'ouvrir vraiment à la concurrence, c'est loin d'être le cas du gaz. Alors qu'Aéroports de Paris (ADP) vient de sélectionner Suez contre EDF et que la SNCF a fait aussi une infidélité à EDF en retenant la Snet, filiale de l'espagnol Endesa, l'appel d'offre de fourniture de gaz lancé le 1er décembre par le Syndicat intercommunal pour le gaz et l'électricité en Ile-de-France (Sigeif) a échoué.

Selon nos informations, cet appel d'offres a été déclaré infructueux ce matin par la commission d'appels d'offres du Sigeif. Le syndicat regroupe 145 adhérents (88 communes, 12 offices HLM gérant 38.000 logements sociaux, 32 collèges, etc.) accueillant plus de 3 millions d'habitants répartis dans tous les départements d'Ile-de-France sauf Paris. "Les tarifs régulé fixés par l'Etat n'ont pas permis d'attribuer les lots", a confié à La Tribune Jean-Jacques Guillet, député UMP des Hauts-de-Seine et président du Sigeif, à la fois le doyen et le plus important syndicat de ce type en France.

En clair, en décidant une hausse limité à 5,8% au 1er avril des tarifs de Gaz de France après le gel des prix de cet hiver et l'augmentation modérée de 3,8% intervenue en novembre, le gouvernement a tué dans l'oeuf toute concurrence. Et ce d'autant que Bercy s'est d'ores et déjà engagé à ce qu'il n'y ait pas de nouvelle hausse des tarifs régulés avant le 1er juillet 2007, date d'ouverture du marché de l'énergie à la concurrence pour les particuliers.

Dans ces conditions, EDF, Total et Distrigaz (groupe Suez), tous trois en lice dans cette compétition emblématique puisqu'il s'agissait de l'alimentation en gaz de 90 communes de banlieue parisienne et notamment le quartier des affaires de La Défense, n'auront eu aucune chance de faire mieux que Gaz de France.

Pourtant, le marché, premier jamais lancé en France dans l'énergie sous la forme d'un groupement de commandes, avait de quoi susciter l'appétit des rivaux de GDF. Sans commune mesure avec les appels d'offres isolés lancés par Rouen, Lorient ou Limoges, le contrat concerne 800 GWh par an et un budget de 30 millions d'euros par an. Alors que le gaz vendu aux collectivités locales a connu une hausse de 19,4% depuis le 1er novembre 2004, "j'attends des prix inférieurs aux tarifs réglementés en prenant en compte les hausses prévues en janvier et avril", avait prévenu Jean-Jacques Guillet. De ce point de vue, il aura été déçu.

Et il y a fort à parier que le lancement d'un nouvel appel d'offres fin 2006 ou début 2007 se soldera de la même façon. Dans le gaz, "force est de constater qu'il n'y a pas encore de marché", conclut le député UMP des Hauts-de-Seine.

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