Recul du PIB argentin de 16,3% sur un an au premier trimestre

Secouée par les événements de décembre dernier qui avaient entraîné le pays dans une crise politique et sociale sans précédent, l'économie argentine s'est écroulée au premier trimestre 2002. Cette nuit, les premiers chiffres ont montré que la contraction du PIB argentin de janvier à mars a atteint 16,3% sur un an. Un chiffre nettement supérieur aux attentes des économistes, qui tablaient plutôt sur une chute de l'ordre de 12%. "Il s'agit du pire scénario possible", se lamente Santiago Gallichio, économiste chez Exane interrogé par Reuters. "La chute du PIB pour 2002 pourrait atteindre 20%", ajoute-t-il, ce qui signifierait qu'un cinquième de la richesse du pays aura été englouti à la fin de l'année. Le recul du PIB argentin est marqué par un effondrement de l'investissement qui, sur un an, recule de 46,1%, tandis que la consommation a été fortement handicapée par la paupérisation de la population et par le gel des avoirs des particuliers dans les banques. Elle chute donc de 20,9%.L'avenir permettra-t-il un redressement de la troisième économie d'Amérique latine ? Rien n'est moins sûr. Le président argentin actuel, Eduardo Duhalde, tente d'obtenir du FMI de nouveaux fonds en dépit des 140 milliards de dollars de dettes du pays. Hier, la mission du prêteur international a annoncé son retour à Washington en précisant que les "négociations étaient en bonne voie". Aucun calendrier n'a cependant été fixé, même si le ministre de l'Economie argentin est attendu la semaine prochaine au siège du FMI à Washington. Le FMI réclame des réformes profondes de l'économie argentine qui se heurtent aux réalités difficiles de la vie quotidienne du pays. Mais, désormais, la crainte des observateurs est de voir cette récession argentine se répandre à l'ensemble du continent sud-américain. Le FMI observe particulièrement de près deux des économies qui ont les liens les plus étroits avec l'Argentine : l'Uruguay et le Brésil. Dans le premier cas, le fonds a obligé le président uruguayen Carlos Ramela à présenter un plan drastique de réduction des dépenses publiques. Le président Ramela espère ainsi économiser 260 millions de dollars par an. Le plan comprend notamment une limitation des salaires dans l'administration, la privatisation des compagnies de téléphone et d'énergie et le rallongement de la durée du travail. Grâce à ce plan, l'Uruguay espère obtenir une aide de 1,5 milliard de dollars du FMI pour faire face aux conséquences de la crise argentine. Néanmoins, la banque centrale du pays a annoncé ce jeudi qu'elle laissait flotter la monnaie nationale, le peso, ne pouvant plus assurer un change fixe face au dollar. Le FMI s'est par ailleurs dit confiant dans la résistance du Brésil et affirmé qu'il n'envisageait pas d'accorder au pays de Pelé et Ronaldo de nouveaux fonds. Le porte-parole du FMI Thomas Dawson a ainsi rappelé que le Brésil est "bien armé et défendu". Pour le moment, la contagion semble donc contenue, comme le confirmait hier la banque espagnole BBVA. Certes, des répercussions seront inévitables, a indiqué le président de la banque Francisco Gonzales, mais "l'effet de domino" n'a pas eu lieu pour le moment. Reste à savoir si les conséquences de la secousse argentine ne se manifesteront pas à plus long terme.
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