L'Uruguay connaît à son tour des scènes de pillages

L'Uruguay serait-il en train de connaître une situation semblable à celle de l'Argentine ? Les événements sont en train de le prouver. Hier, vers 16 heures (heure locale, 22 heures à Paris), des émeutes ont éclaté dans les quartiers pauvres de Montevideo. Seize supermarchés ont été pillés, tandis que la police anti-émeutes parvenait à repousser les émeutiers qui s'attaquaient à quatorze autres commerces. Les pilleurs, organisés en groupe de plusieurs dizaines de personnes, ont pris d'assaut les magasins en lançant des pierres et au cri de "nous avons faim". Pour le ministre de l'Intérieur uruguayen Guillermo Stirling, le pays doit faire face "à des groupes tentant de déstabiliser la communauté nationale". Ces émeutes rappellent étrangement celles qui avaient éclaté en décembre dernier de l'autre côté du Rio de la Plata, en Argentine. Le gouvernement argentin avait alors été emporté dans la tourmente.La similitude entre les deux situations est d'ailleurs troublante et pourrait relancer les risques de "contagion" de la crise argentine à l'ensemble de l'Amérique latine. Ces émeutes font suite, comme en Argentine, au blocage des retraits d'argent dans les banques décidé mardi dernier pour une journée et finalement renouvelé jusqu'à lundi. Hier, le gouvernement a également bloqué les retraits dans les distributeurs automatiques de billets. Pour le gouvernement, ce blocage permet de stopper l'hémorragie de devises provoquée par le flottement du peso uruguayen décidé voici un mois. Mais cette décision a été très mal accueilli par une population qui se paupérise de plus en plus. On estime que désormais un tiers des trois millions d'habitants de ce petit pays jadis connu comme la "Suisse de l'Amérique latine" vivent en dessous du seuil de pauvreté. La tension entre le gouvernement et la population ne cesse donc de s'envenimer. Hier, avant que les émeutes n'éclatent, une grève générale de quatre heures a été très suivie dans la capitale. Les syndicats réclamaient des augmentations de salaires pour compenser les effets de la baisse du peso sur l'inflation. Le gouvernement tente de son côté de maintenir un semblant d'unité nationale en associant l'opposition à sa politique économique inspirée par les recommandations du FMI. Le Fonds, de son côté, a semblé se rendre compte de la gravité de la situation. Son porte-parole Tom Dawson, après avoir considéré que "toute spéculation sur l'aide à l'Uruguay était prématurée", a affirmé que le FMI "envisageait l'octroi d'argent frais à Montevideo". Il a aussi confirmé qu'une accélération des versements déjà prévus par le Fonds était envisagée. C'est sans doute l'effet "positif" des émeutes de cette nuit qui auront fait craindre, du côté de Washington, un embrasement incontrôlable du pays.La charge du gouvernement de Montevideo est désormais d'éviter que la situation ne dégénère rapidement et que les émeutes n'emportent le pays dans le chaos politique. L'aide du FMI, estimée par la presse uruguayenne à 1,5 milliard de dollars, sera, dans cette optique, la bienvenue. Le risque de contagion ne se limite pas à l'Uruguay. Le Paraguay a également été le théâtre de violentes émeutes le mois dernier. Surtout, le Brésil et ses 173 millions d'habitants, est lui aussi menacé par l'effondrement financier. Sa monnaie, le réal, a perdu 38% de sa valeur en une semaine, ce qui pourrait provoquer un engrenage semblable à celui de l'Argentine ou de l'Uruguay. Les investisseurs redoutent également une victoire de la gauche travailliste lors des élections présidentielles d'octobre prochain. La politique prônée par le parti des Travailleurs (PT) prévoit une augmentation du déficit budgétaire et donc de la dette aini que la remise en cause de la politique pro-FMI.Tom Dawson, qui a qualifié la situation brésilienne de "problème urgent", a annoncé que le FMI devrait accorder un nouveau prêt au Brésil, sans toutefois en préciser le montant. Cette annonce devrait tempérer la baisse du réal qui avait déjà repris 10% hier à 3,15 réals pour un dollar. Mais il faudra plus qu'un simple prêt du FMI pour rassurer les investisseurs sur l'avenir de la région.
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