Draghi : un discours de "colombe", pour gagner du temps

Par Romaric Godin  |   |  431  mots
Mario Draghi, président de la BCE, se dit prêt à utiliser "tous les instruments autorisés par les traités" pour combattre la déflation"
La BCE a maintenu ses taux inchangés, mais son président a tenu un discours très accommodant, répétant avec fermeté sa détermination à utiliser tous les instruments disponibles pour combattre le risque déflationniste.

La BCE a maintenu ce jeudi ses taux inchangés. Le taux de refinancement principal reste donc à 0,25 %, le taux de dépôt étant à 0%. Mais dans les mots, le président de l'institut européen a clairement insisté sur le biais accommodant de sa politique. « Nous avons le mandat d'assurer la stabilité des prix. Dans les deux directions. Et je veux être clair : tous les instruments autorisés par les traités sont éligibles à notre action », a indiqué l'ancien gouverneur de la Banca d'Italia qui a ajouté être prêt à « une action décisive ». Plus que jamais, la BCE est donc « prête à agir si nécessaire. »

Pourquoi agir ?

Mario Draghi n'a pas souhaité entre dans le détail de ces « instruments », mais il s'est néanmoins encore avancé un peu en évoquant deux « contingences » qui pourraient déclencher l'action de la BCE. La première serait une détérioration du marché monétaire à court terme. La seconde serait une détérioration des anticipations d'inflation à moyen terme. « Le choix des instruments sera effectué en fonction de ce qui se passera », a confirmé Mario Draghi.

L'arme au pied

En attendant, la BCE demeure donc l'arme au pied. Même si le président de la BCE a estimé que le chiffre de l'inflation de décembre en zone euro était dû à des « éléments techniques » liés à des changements de calcul en Allemagne, il a beaucoup insisté sur le fait que les 18 pourraient « connaître une longue période d'inflation faible. » Et a, en conséquence, réaffirmé avec « fermeté » son « forward guidance », la certitude que les taux de la BCE demeureront « durablement au niveau actuel ou en deçà. »

Agir par la communication

Cette conférence de janvier aura sans doute permis à Mario Draghi de gagner encore un peu de temps. Sans réellement agir, il a envoyé un message de « colombe » au marché. Histoire de faire réagir le marché monétaire et le marché des changes. En réduisant les taux monétaires et en faisant baisser l'euro par un tel discours, le président de la BCE peut espérer combattre le risque déflationniste à bon compte. D'autant que le discours aux Etats-Unis est plutôt au durcissement.

Mario Draghi peut ainsi espérer que l'accélération de la croissance aidant, les instruments dont il parle dans le courant de l'année deviendront bientôt inutiles. Pour le moment, il semble avoir réussi son pari, l'euro s'est affaibli face au dollar après les déclarations du président de la BCE de 1,363 dollar à 1,355 dollar.