Les menaces d'attaques d'Israël contre l'Iran se multiplient

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  405  mots
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Israël est agité par un débat public sur de possibles raids contre les installations nucléaires iraniennes. Mais cette campagne médiatique pourrait avoir surtout pour but de faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle durcisse les sanctions économiques contre Téhéran.

Les menaces d'attaques israéliennes contre les installations atomiques iraniennes se multiplient dangereusement ces derniers jours. Selon une campagne de presse alimentée par des fuites, Benjamin Netanyahu, chef du gouvernement, et Ehud Barak, ministre de la Défense, sont favorables à des frappes aériennes avant que le programme nucléaire de Téhéran franchisse le "point de non-retour". Mais la majorité des autres membres du gouvernement, ainsi que les chefs de l'armée et du Mossad, les services secrets, sont hostiles pour le moment à cette option militaire qui risque d'embraser tout le Moyen-Orient. Pour certains commentateurs, cette agitation médiatique vise surtout à faire pression sur la communauté internationale pour qu'elle durcisse les sanctions économiques et financières à l'encontre de l'Iran.

Le temps presse en effet. L'Agence internationale de l'énergie atomique, qui siège à Vienne, doit publier mardi prochain un rapport qui pourrait confirmer que l'Iran développe en secret un programme nucléaire militaire. "Nous espérons que ce document aboutira de façon indubitable à cette conclusion", a affirmé hier Avigdor Lieberman, chef de la diplomatie israélienne. Pour ce partisan déclaré de la manière forte, le monde doit resserrer d'urgence le blocus contre l'Iran qui représenterait selon lui la "plus grande menace pour l'ordre mondial". Les responsables israéliens préconisent notamment un boycottage total de la Banque centrale iranienne, un gel des achats de pétrole et de gaz ainsi que de la fourniture des matériels pour le développement des capacités de raffinage.

Pour mettre les points sur les "i", l'armée israélienne a procédé hier à un test du système de propulsion d'un missile balistique capable d'atteindre le territoire iranien et qui peut être doté d'une tête nucléaire. De plus, l'aviation israélienne a participé ces derniers jours en Sardaigne à des exercices d'entraînement de l'OTAN pour des missions à "longue distance".

Ces préparatifs ne sont pas passés inaperçus. Un des membre de l'état major iranien, le général Hassan Firouzabadi, a prévenu que "l'ennemi sioniste et les Etats-Unis paieraient un prix très élevé" s'ils attaquaient l'Iran. Seule certitude en tout cas, les sanctions actuelles font mal. Mahmoud Ahmadinejad admet que les banques "ne peuvent effectuer nulle part de transactions internationales". Selon un rapport américain, le coût annuel des mesures prises contre Téhéran s'élèverait à 60 milliards de dollars.