Le "choc de confiance" se fait désirer du côté des PME

Par Fabien Piliu  |   |  607  mots
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Le baromètre La Tribune LCL Ipsos qui mesure la confiance des dirigeants de PME a reculé de quatre points en avril. Interrogés juste après l'élection de François Hollande à la présidence de la République, les chefs d'entreprises sont inquiets et impatients.

Le choc de confiance espéré par François Hollande se fait attendre. Interrogés par Ipsos quelques jours après l'élection du candidat socialiste à la présidence de la République, les dirigeants de PME n'ont pas vraiment le moral. Le baromètre La Tribune-LCL a cédé quatre points en avril. A 96 unités. Il se situe quatre points en dessous de sa moyenne de longue période.

« Le baromètre existe depuis 20 ans. Le tout premier changement de premier ministre qu'il a mesuré était, en 1993, l'arrivée d'Edouard Balladur à Matignon après Pierre Bérégovou : +7 points! En 95, le passage à Alain Juppé a fait gagner trois points.  En 1997, l'arrivée de Lionel Jospin s'est traduite par un recul de 3 points du baromètre. De Lionel Jospin à Jean-Pierre Raffarin, l'effet a été nul, en tous cas non mesurable. De Jean-Pierre Raffarin à Dominique de Villepin, on a perdu un point. En passant à François Fillon, on en a gagné quatre », rappelle Yves Fradier, directeur de clientèle chez Ipsos.

Un mouvement d'humeur

« Pourtant si l'on regarde les critères objectifs de la situation des PME aujourd'hui, elle n'est pas pire en mai qu'en avril : stabilité de la satisfaction à l'égard de la production, de l'activité commerciale, de la trésorerie. Stabilité des achats d'équipements. Stabilité de la demande domestique. On observe même une hausse du nombre de salariés, dont le solde de réponses gagne 6% d'un coup. Nous sommes donc dans une manifestation de mauvaise humeur de la part de nos patrons de PME », explique-t-il. Selon 36% des chefs d'entreprises, le résultat de l'élection présidentiel se traduirait par une baisse de leurs projets d'embauches et d'investissements !

Au-delà de la dimension idéologique et affective, il n'en reste pas moins vrai que les perspectives restent mauvaises. « La consommation des ménages est freinée par la dégradation de leur pouvoir d'achat et de la situation sur le marché du travail. L'emploi devrait connaître un recul assez marqué au cours de ce premier semestre et ne stabiliserait qu'en deuxième partie d'année », explique Werner Perdrizet chez LCL. Au total, l'activité, qui a calé en ce début d'année ne devrait s'améliorer que très légèrement d'ici la fin de l'année et rester stable au trimestre prochain », estime l'économiste.

Les dirigeants de PME sont împatients

Cette situation explique donc en grande partie ce mouvement d'humeur des chefs d'entreprises qui attendent énormément du nouvel exécutif. Or, François Hollande, son Premier ministre et son gouvernement sont à peine arrivés au pouvoir. Les dirigeants de PME doivent pour l'instant se contenter des seules promesses faites pendant la campagne et des premières déclarations du président de la République pour se forger une opinion concernant leur avenir et celui de leur entreprise. Le sentiment des chefs d'entreprises devrait donc être plus lisible et moins passionné au cours des prochaines semaines, une fois le cap fixé par le nouveau gouvernement. Un exemple ? Ils ne sont que 25% à se déclarer favorable au contrat de génération porté par le candidat Hollande. Or, on n'en connaît pas encore les contours précis.

La mission d'Arnaud Montebourg a commencé  

Lundi, Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif a commencé ses rencontres avec les partenaires sociaux, en particulier la CGPME. Au cours de cette rencontre, la Confédération a dressé l'état des lieux et rappelé les souhaits des dirigeants, en particulier la nécessité de simplifier le paysage réglementaire et fiscal des entreprises. Une promesse de François Hollande pendant la campagne