Paris et Berlin n'envisagent pas de baisser leurs TVA

Par latribune.fr  |   |  486  mots
Alors que la Grande-Bretagne envisage de baisser son taux de TVA de 2,5 points, à 15%, Paris et Berlin ont réagi, indiquant qu'ils ne comptaient pas adopter une telle mesure. Leurs taux respectifs s'élèvent à 19,6% et à 19%.

La mesure phare du budget 2009 de la Grande-Bretagne pourrait être une baisse temporaire, mais spectaculaire, de la TVA de 2,5 points, indique la presse britannique ce lundi. Actuellement à 17,5%, elle pourrait être abaissée jusqu'au seuil minimal admis par l'Union européenne, soit 15%, mais serait remise au niveau actuel d'ici deux ans au plus, quand la situation économique s'améliorera
Interrogée par des journalistes en marge d'une réunion sur la finance à Paris, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a immédiatement indiqué qu'une telle baisse n'était pas à l'ordre du jour en France, où le taux normal de TVA est de 19,6%.
"La grande incertitude quand on baisse le taux de TVA, c'est de savoir à qui cela profite. Si cela profitait complètement aux consommateurs, ce serait sûrement une bonne mesure", a-t-elle déclaré. Mais "si cela profite à l'ensemble des échelons de la chaîne entre le producteur et le consommateur, cela renforce les marges. Je ne suis pas sûre que ce soit l'impératif absolu aujourd'hui", a-t-elle estimé, jugeant en outre qu'une telle mesure risquait de stimuler les importations et donc de profiter aux économies étrangères plus qu'à la France.
Autre raison majeure, non évoquée par la ministre mais qui plaide aussi pour un maintien du taux de TVA à son niveau actuel, l'état des finances publiques ne permet pas en ces périodes de crise de se priver de la manne fiscale que représente cet impôt indirect...
L'Allemagne a également exprimé son désaccord avec l?idée d?une baisse de TVA. "Aujourd'hui, nous avons mis les points communs au centre de nos échanges. Et parmi ces points communs, je crois pouvoir dire qu'une baisse générale de la TVA, qui est peut-être la réponse pour certains pays, n'est pas la bonne réponse pour la France et l'Allemagne", a déclaré Angela Merkel lors d'une conférence de presse ce lundi.
La coalition menée par Angela Merkel avait décidé au contraire d'augmenter la TVA de trois points début 2007, de 16% à 19%.
Angela Merkel s'est ainsi déclarée plutôt favorable à des "aides ciblées". "L'Allemagne, avec son train de mesures qui est en cours d'examen au Parlement, a mis en place [des] mesures ciblées, comme par exemple la suspension de la vignette en Allemagne, des allègements fiscaux pour les artisans. Je souhaite qu'on attende les effets de ces mesures", a-t-elle ajouté.
La réaction de Berlin et Paris présage mal de la future coordination européenne sur les mesures de relance budgétaire appelée de ses voeux par Gordon Brown ce lundi. Le Premier ministre britannique avait déclaré : "Une approche coordonnée en Europe, notre principal partenaire commercial, serait la plus fructueuse", alors que la Commission de Bruxelles doit présenter mercredi les grandes lignes d'un plan de relance à l'échelle de l'ensemble de l'Union européenne.