Budget : Bruno Le Maire face aux doutes

Le ministre de l’Économie a accueilli avec soulagement la notation des agences financières. Il affronte demain les critiques des députés sur les prévisions pour 2027.
(Crédits : © LTD / DORIANO STROLOGO POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Les agences passent, les problèmes demeurent. Fitch et Moody's ont annoncé vendredi soir maintenir leur appréciation sur la dette de la France. Ces instituts qui orientent les investisseurs ont laissé leurs notes financières inchangées. Autrement dit, malgré la lourde et inattendue plongée des comptes publics en 2023, ils considèrent que le pays reste digne de confiance - tout en se montrant sceptiques sur les projections financières de Bercy. Le gouvernement redoutait une dégradation de la note, qui aurait constitué un symbole politique infamant.

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Pour autant, Bruno Le Maire n'est pas tiré d'affaire. Le ministre de l'Économie affrontera demain un débat d'orientation budgétaire (sans vote) à l'Assemblée nationale, où les oppositions promettent de faire feu de tout bois. Les analystes financiers de Fitch et Moody's ont certes privé LR et les autres de munitions de choix. Éric Ciotti évoquait un scénario de faillite comme en Grèce. Il n'empêche. La gestion des comptes publics suscite de nombreux doutes.

Des économies inconnues

Sur l'année en cours, d'abord. L'exécutif demeure discret sur les économies promises d'ici à décembre pour renflouer les caisses, à hauteur de 10 milliards d'euros. Il a renoncé à en passer par la loi, écartant le risque d'une motion de censure soumise aux voix par LR. Ce qui signifie que les coupes ne seront connues qu'a posteriori. De quoi faire grincer des dents, y compris au sein de la majorité, où beaucoup considèrent en outre que la méthode du rabot (toutes les administrations font le même effort) est politiquement inappropriée.

Au demeurant, 10 milliards d'euros de crédits ont déjà été supprimés par décret en février. Les grandes lignes ont été publiées, mais aucun ministre de Bercy, ni aucun autre, n'a indiqué avec précision quelles dépenses n'auraient pas lieu. « Moimême, je m'interroge, tacle un membre du gouvernement. Je ne crois pas qu'on arrêtera de payer les fonctionnaires... »

L'exécutif veut réduire le déficit de 1 point de PIB en 2025

Sur les années à venir, l'incertitude est plus profonde encore. Les projections pour 2027 ont été présentées au Conseil des ministres la semaine dernière, elles seront au cœur des débats demain. L'exécutif veut réduire le déficit de 1 point de PIB en 2025 (soit 28 milliards d'euros, dont 20 milliards d'économies). Ce serait du jamais-vu en période de faible croissance économique. La vice-présidente (PS) de l'Assemblée et ancienne rapporteure du budget Valérie Rabault n'y croit pas.

Pour y parvenir, Bercy mise sur un quasi-gel des dépenses publiques l'an prochain (+ 0,2 %) alors que des hausses de crédits sont déjà votées pour les armées, la police, la justice, etc. Une volonté très ambitieuse qui attisera les critiques à gauche. Le président (LFI) de la commission des finances, Éric Coquerel, a considéré que la décision des agences « n'empêch[ait] pas la politique budgétaire [...] de nous emmener dans le mur ».

L'objectif du gouvernement reste de passer le déficit sous la barre de 3 % du PIB - le seuil de tolérance européen - à la fin du quinquennat. Dans cette perspective, le ministère des Finances espère que la Banque centrale européenne lui donnera un coup de pouce en réduisant ses taux d'intérêt dès l'été. Aux États-Unis, la Réserve fédérale, elle, a décidé de temporiser. Auparavant, une autre agence de notation se sera prononcée. L'influente Standard & Poor's rendra sa notation sur la France le 31 mai, à neuf jours des élections européennes.

Commentaires 14
à écrit le 29/04/2024 à 15:25
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Si je comprends bien, Bruno se questionne. Le doute m'habite , se dit il.

à écrit le 29/04/2024 à 10:52
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7 ans de malheur.

à écrit le 29/04/2024 à 9:08
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Les agences de notation ont pour rôle d'informer les investisseurs quant à la solidité et fiabilité d'un émetteur de dette, ces agences notaient à l'origine les entreprises qui voulaient émettre des emprunts, la notation des états est venue plus tard...

le 29/04/2024 à 9:58
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En ce qui concerne Enron, le commissaire aux comptes était de mèche et avait certifié des comptes falsifiés... Quant à la crise des subprimes; elle a été entraînée par des produits financiers dont l'analyse complète de la documentation était infaisab...

à écrit le 28/04/2024 à 16:04
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De Gaulle avait eu cette phrase pleine d' humour lorsqu' il avait nommé Georges Pompidou Premier Ministre " Je voulais avoir un Normalien qui sache ... écrire " ! Et bien aujourd' hui nous voudrions avoir pour la même fonction " un énarque qui sac...

le 28/04/2024 à 22:39
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Oui, exact. Plus difficile encore à trouver: un homme politique qui sache être responsable. Responsable: "Qui a le courage de privilégier les intérêts de la France à ses intérêts personnels ". Je n'en vois pas depuis 30 ans..

le 29/04/2024 à 11:48
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Les gouvernants savent tout à fait compter, l'important pour eux étant de satisfaire leur clientèle électorale essentiellement composée de bénéficiaires des politiques publiques, en particulier les retraités car à certains scrutins, un votant sur deu...

à écrit le 28/04/2024 à 15:58
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Si les prêteurs ont un doute (justifié), ceux qui payent l'IRPP (insuffisant, vu l'ampleur du trou dans la caisse) sont-ils fondés à faire la grève de l'impôt; nous sommes, après tout, dans une démocratie (presque) et nos élus NOUS doivent des compte...

à écrit le 28/04/2024 à 14:40
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J'achète je vend ca n'est pas de l'investissement ! c'est du travestissement du langage ! Un investisseur s'investit. Un entrepreneur est un investisseur, un financier est un spéculateur, toujours !

à écrit le 28/04/2024 à 14:37
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Payons nos dettes à des taux négatifs ! C'est une faveur, un privilège que détenir de la dette francaise ! C'est une dette LVMH !

à écrit le 28/04/2024 à 9:36
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Feu vert pour notre matheux Bruno à poursuivre l'accroissement de cette Dette (non abyssale) selon ces agences américaines teintées d'économistes!!!!!!, prochaine haie toujours non sanctionnée les 5000 Milliard d'€.........

à écrit le 28/04/2024 à 8:36
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encore un machin qui ne sert a rien sauf a quelque personne d'avoir un job tres bien remunere

le 28/04/2024 à 9:43
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@ ludwig votre commentaire est un jugement non une réflexion : ça sert aux investisseurs pour prêter aux etats.. depuis 1974… tous les états - exceptée la Russie , font appel aux marchés internationaux … pour autant c est une indication une visibil...

le 29/04/2024 à 8:56
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faut il un siecle a nos gouvernant pour predre conscience que leur vision du monde est une cata 7ans m macron plus 5ans ministre et combien de plus pour m lemaire dans l'arene du pouvoir et ces gens n'ont toujours pas compris les francais ou pluto...

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