Health Data Hub : le choix de Microsoft pour héberger les données de santé des Français, une polémique sans fin

DOSSIER SANTÉ. Consultations, diagnostics, comptes-rendus d’opération… Nos informations personnelles les plus sensibles dépendent aujourd’hui de la loi américaine, sans aucun recours pour le citoyen européen. Une thématique qui sera centrale lors du forum Impacts santé organisé par La Tribune qui se tiendra ce jeudi à Paris.
Microsoft a été choisi pour héberger le Health Data Hub (HDH), cette plateforme qui regroupe des données de santé.
Microsoft a été choisi pour héberger le Health Data Hub (HDH), cette plateforme qui regroupe des données de santé. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

C'est un feuilleton juridique qui ne cesse de faire controverse depuis 2019. Le Health Data Hub (HDH), cette plateforme qui regroupe des données de santé, a pour objectif de faire avancer la recherche médicale. Pour héberger cette infrastructure regroupant les dossiers médicaux des Français, le gouvernement a fait le choix de Microsoft dès le départ et continue, malgré les critiques, de confier ses précieuses données à une firme américaine.

En 2020, Cédric O, alors secrétaire d'État au Numérique, justifiait ce choix en expliquant que l'infrastructure devait se déployer rapidement compte tenu de la situation sanitaire, et qu'il fallait faire le choix d'un acteur mature. Quitte à faire appel ensuite à un acteur français. Mais pour le moment, Microsoft reste l'hébergeur du HDH.

Dernier épisode de la controverse : des entrepreneurs français du cloud et des défenseurs des libertés du numérique ont saisi le Conseil d'État début mars. Ils reprochent à la Cnil, le gendarme du numérique, d'avoir autorisé en décembre le stockage des données de 300.000 à 600.000 patients chez l'entreprise américaine.

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Surveillance des Etats-Unis

L'affaire pose d'abord un problème juridique. Les serveurs de Microsoft Azure sont situés en Europe, mais l'entreprise dépend malgré tout de la juridiction américaine. Et notamment de la loi FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act), qui autorise la surveillance de masse au nom de la sécurité nationale. Cette loi permet aux agences de renseignement d'accéder aux données de citoyens non-américains.

« Un citoyen européen n'a pas de recours juridique aux États-Unis pour pouvoir récupérer, modifier ses données personnelles », résume Jean-Baptiste Fourmeaux, l'avocat qui représente les requérants. « Il y a un mépris total de la donnée privée aux États-Unis », complète Quentin Adam, P.-D.G. de Clever Cloud, l'un d'eux.

Aberration économique

Les entreprises crient par ailleurs à l'aberration économique. Elles reprochent au Health Data Hub de rater une opportunité de passer commande chez des fournisseurs français. « Lorsqu'on évoque l'hégémonie du cloud américain, on oublie souvent de mentionner qu'une grande partie des revenus des fournisseurs vient de la commande publique. Lorsque nous avons l'occasion de soutenir les acteurs européens via la commande publique, nous ne la saisissons pas », regrette Quentin Adam. Une mission d'expertise avait toutefois estimé qu'aucun prestataire soumis uniquement aux lois de l'Union européenne ne répondait aux exigences techniques et fonctionnelles. Ce que réfutent les entreprises.

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L'audition au Conseil d'État n'a pas donné lieu à un jugement en urgence suspendant la décision de la Cnil comme l'espéraient les plaignants. Une nouvelle audience aura lieu à la fin du mois. Ce qu'ils visent à plus long terme, c'est l'annulation du Data Privacy Framework (DPF), l'accord européen autorisant le transfert de données personnelles aux États-Unis, dont dépend le Health Data Hub, qui finira sans doute par intervenir. Les deux premières moutures de cet accord ont été annulées en 2019, puis en 2020, suite aux plaintes de l'avocat et militant autrichien Max Schrems. M. P.

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Commentaires 7
à écrit le 24/04/2024 à 0:00
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Aucun GAFAM soumis aux lois extraterritoriales US n'est digne de confiance. Nous avons un OVH national et mondialement reconnu qui, malgré la perte passée d'un datacenter, a absolument tout le savoir-faire pour héberger nos données. C'est l'équivalen...

à écrit le 23/04/2024 à 15:17
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A la télé russe on menace Paris de bombe atomique : nos données seront plus en sécurité ailleurs.

le 23/04/2024 à 18:02
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@Menon Je doute que vous suiviez attentivement ce qui se dit sur la télévision russe. Que d'inepties ! La Russie n'a plus grand chose à faire de Paris et de la France pour un bon bout de temps (le temps que nous retrouvions la raison et des dirige...

à écrit le 23/04/2024 à 14:29
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doit-on mettre toutes ses données sur internet ? ses data de santé ? ses data bancaires ? ses idees ? pour un ingénieur je ne le conseille pas du tout. Le piratage est legion dans le monde donc tout mettre dans le cloud, je ne le ferais pas ( je suis...

à écrit le 23/04/2024 à 8:40
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NOus a t on demande nos avis? Au nom de quoi cedric O est représentatif de l’opinion des français ? Y act il eu voté à l assemblée et au sénat ? A t il / ont ils touche un bakshih? Scandaleux et déni de démocratie .. et la droite comme la gauche aur...

à écrit le 23/04/2024 à 8:13
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a un moment donne, faut se souvenir que poutine pensait pouvoir tout faire car tout le monde dependait de son gaz; a un moment donne faut se souvenir que trump braille tout et son contraire et qu'il est capable de couper le tuyau du jour au lendemain...

à écrit le 23/04/2024 à 7:58
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Et pendant qu'ils polémiquent nos données de santé sont disponibles pour tout ceux qui ont les moyens de les acheter. TOUT VA BIEN.

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