Punaises de lit en France : la Russie a bien participé à la psychose

Fin 2023, la paranoïa autour des punaises de lit avait envahi les réseaux sociaux ainsi que le débat public. Mais à y regarder de plus près, la Russie aurait eu un rôle à jouer, pointe le ministre français délégué à l'Europe, Jean-Noël Barrot. Des ingérences de ce type se sont multipliées depuis le début de la guerre en Ukraine.
La paranoïa autour de ces petits insectes parasites d'à peine quelques millimètres s'est répandue en France à l'automne dernier.
La paranoïa autour de ces petits insectes parasites d'à peine quelques millimètres s'est répandue en France à l'automne dernier. (Crédits : Reuters)

Et si la psychose autour des punaises de lit avait été montée en épingle ? C'est en tout cas ce qu'affirme le ministre français délégué à l'Europe Jean-Noël Barrot. Ce dernier affirme en effet que le phénomène a été « artificiellement amplifié » par la Russie. Pour rappel, la paranoïa autour de ces petits insectes parasites d'à peine quelques millimètres s'est répandue en France à l'automne dernier. Photos et vidéos amateurs signalant la présence de ces insectes, qui se nourrissent de sang humain et censés avoir disparu de la vie quotidienne depuis les années 1950, avaient alors inondé les réseaux sociaux à partir de la mi-septembre.

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Si bien que le grand retour des nuisibles avait pris des dimensions d'affaire d'État, à quelques mois des Jeux olympiques de Paris, manifestation sportive à fort enjeu touristique. Sept établissements scolaires et des classes avaient même été fermés. Pourtant, les cas signalés (fauteuil de cinéma, siège de train...) étaient loin d'être tous avérés.

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Interrogé sur la chaîne TF1 sur des tentatives de déstabilisation en France qui seraient conduites par la Russie, le ministre est donc revenu sur cette affaire qui avait fait le tour du monde.

« La polémique des punaises de lit (...) a été artificiellement amplifiée sur les réseaux sociaux par des comptes dont il a été établi qu'ils sont d'inspiration ou d'origine russe, avec même un lien faux crée entre l'arrivée de réfugiés ukrainiens et la diffusion des punaises », a-t-il déclaré.

Cela a été « très largement amplifié par des comptes liés au Kremlin », a-t-il ajouté.

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Multiplication des attaques

Il faut dire que les opérations de cyberattaques et de désinformation de la Russie ont « commencé à s'accélérer depuis deux ans, depuis le début de la guerre en Ukraine ». Surtout à l'égard de la France, celle-ci ayant raffermi son soutien à l'Ukraine.

« Nous le savons parce que le président de la République a créé en 2021 un service qui s'appelle Viginum, dont la mission est de détecter ces manœuvres qui visent à déstabiliser l'opinion publique en France et à affaiblir le soutien public à l'Ukraine », a rappelé le ministre.

Encore en début de semaine, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, présentait la Russie comme « la première menace » dans la guerre informationnelle. Il était notamment revenu sur l'affaire des étoiles de David taguées sur des immeubles de la région parisienne en octobre. Pour rappel, des dizaines d'étoiles de David bleues apposées au pochoir avaient été découvertes sur des façades d'immeubles à Paris et en banlieue.

Un couple de Moldaves avait été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d'affaires moldave pro-russe, identifié. Une ingérence en plein conflit entre le groupe islamiste palestinien Hamas et Israël. La semaine dernière, une source proche dossier avait affirmé à l'AFP que cette opération des étoiles de David taguées avait été pilotée par les services de sécurité russes (FSB), confirmant une information du journal Le Monde.

Une menace « asymétrique »

Mi-février, une vidéo virale, faussement attribuée à France 24, accusait l'Ukraine d'avoir projeté d'assassiner le président français, ce qui aurait poussé ce dernier à annuler un déplacement sur place. Si le voyage en Ukraine annoncé par Emmanuel Macron lui-même pour février n'a effectivement pas eu lieu, tout le reste relève d'un « deepfake », selon la chaîne de télévision française

« On est face à une menace asymétrique, nos adversaires n'ont pas de limites », explique à l'AFP une source militaire française, tandis que les Européens ont « des limites comme le droit international ou national » et partent donc « avec un handicap ».

Mais la Russie ne s'arrête pas là. Des groupes pro-russes avaient déjà été identifiés par Meta (maison-mère de Facebook et Whatsapp) et les autorités françaises pour la campagne « Doppelgänger ». Depuis 2022, les sites Internet de grands médias comme Le Monde en France ou encore The Guardian au Royaume-Uni sont copiés visuellement à l'identique, pour pouvoir diffuser ensuite des fausses informations.

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Se défendre face aux attaques

Pour mieux se défendre face aux ingérences russes, la France a créé Viginum, évoquée plus haut par Jean-Noël Barrot. Une structure de détection des fausses informations et des ingérences.

« Il y a une prise de conscience générale de la menace informationnelle et du besoin d'y répondre », explique Viginum à l'AFP.

« L'idée n'est pas de dire aux gens ce qui est vrai ou faux (...) mais de démonter la mécanique et montrer aux citoyens comment des acteurs étrangers sont en train d'essayer de manipuler le débat public numérique », ajoute l'institution.

Plus largement, l'Europe a également largement renforcé son arsenal ces dernières années. L'Union européenne a établi en 2018 un code non-contraignant de bonnes pratiques, signé par plus de 30 acteurs de la publicité, de la société civile et surtout du numérique. Depuis août 2023, le Digital services act (DSA) oblige les très grandes plateformes à plus de transparence et à des actions renforcées contre la haine en ligne et les infox.

En parallèle, le service d'action extérieur européen, bras diplomatique de l'UE, recense les opérations de déstabilisation. D'autant que l'information est devenue un enjeu clé en 2024, une année marquée par la tenue des élections européennes, propices aux ingérences...

(Avec AFP)

Commentaires 13
à écrit le 02/03/2024 à 10:23
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On peut rappeler que Jean-Noël Barrot est le fils de Jacques Barrot ancien secrétaire général du Centre des démocrates sociaux, composante de l'UDF, il a longtemps été une des principales figures de la démocratie chrétienne en France.

à écrit le 02/03/2024 à 8:30
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Pitoyables sont nos dirigeants , en etre réduit aux fake news

à écrit le 01/03/2024 à 16:22
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Je me disais bien que j'avais reconnu une punaise russe sur une vidéo ,elle avait une sorte de faucille sur le dos.

le 02/03/2024 à 8:26
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bien vu moi c'est l'odeur de vodka qui m'a alerté

à écrit le 01/03/2024 à 15:42
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M.Barrot devrait prendre des vacances. Il devient complotiste. Chacun sait, depuis Pline l’ancien et son Histoire Naturelle, que les punaises fournissent un excellent remède contre les morsures de serpents. Elles ne sauraient dès lors faire peur aux ...

à écrit le 01/03/2024 à 15:31
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Tout les jours on observe la propagande de l'État français envers son économie domestique; dernièrement, les agissements envers certains médias avec une saisie douteuse de l'Arcom pour "chercher implicitement à instaurer une pensée unique" et dominan...

à écrit le 01/03/2024 à 15:25
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La délinquance et l'insécurité en France, c'est la Russie aussi, j'ai bon?

à écrit le 01/03/2024 à 15:16
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Bonjour, malheureusement ka désinformation est courante dans notre pays.. Les premiere acteurs sont zu gouvernement, les chaine publiques, puis les groupe de pression... maintenant nous ajouterons les gouvernement étrangères... bon rien de bien s...

à écrit le 01/03/2024 à 15:11
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Fausse menace abondamment relayée... par LFI ! Pour info, si vous avez des punaises, une bombe insecticide ad hoc en pharmacie à 15 euros et le tour est joué !

à écrit le 01/03/2024 à 14:51
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Vu quelle ampleur ce sujet a pris dans les média et les réseau sociaux russes, c'est plus que probable. En tout cas, le discours anti-Occidental y est bien présent d'une façon permanente et cela a commencé bien avant la guerre. Le paradoxe est que le...

à écrit le 01/03/2024 à 14:49
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Et la psychose du Covid-19 pendant deux ans en 2020 et 2021, personne n'en parle ?

à écrit le 01/03/2024 à 14:16
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Si la Russie a réellement cherché à déstabiliser la France en amplifiant la résonnance de cette histoire de punaises de lit dans la sphère médiatique, ça en dit long sur la perception qu'a la Russie de nos médias français. Nos médias aiment le buzz, ...

le 01/03/2024 à 14:26
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"la Russie s'engouffre dans la faille" elle s'engouffre dans toutes les failles, parfois ça marche des fois pas mais ça ne coûte rien d'essayer. C'est l'avantage des démocraties, libre action, contrairement à essayer de faire pareil en Russie, imposs...

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