Fraude fiscale : Bercy promet plus de moyens pour contrôler les grandes fortunes

Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave a promis plus de moyens humains et de meilleurs outils juridiques pour renforcer la traque sur les plus gros dossiers. En visite à la direction nationale de vérification fiscale, un service qui contrôle « les personnes les plus riches de France », le ministre s'est félicité « d'un bilan remarquable » de la première année du plan de lutte contre les fraudes. Chez les syndicats, ce renforcement des moyens humains se traduit surtout par des redéploiements.
Grégoire Normand
Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave.
Le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave. (Crédits : Reuters)

Le gouvernement français entend renforcer la traque aux fraudeurs. Un mois jour pour jour après la présentation du premier bilan de lutte contre les fraudes par Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave s'est rendu ce vendredi dans les locaux de la direction nationale de vérification des situations fiscales (DNVSF) à Paris. Composé de 260 agents, ce service d'élite est en charge d'enquêter sur les plus hauts revenus en France. Autant dire que les enjeux sont colossaux. « S'assurer que les personnes qui ont le plus de moyens s'acquittent effectivement de leurs impôts revêt une importance cruciale », a déclaré le ministre Cazenave devant les fonctionnaires présents.

Après une brève présentation des compétences des enquêteurs, Thomas Cazenave a salué un « bilan remarquable »« Parce qu'au fond, cette minorité qui se détourne de ses obligations, ceux qui fraudent, que font-ils ? Ils défont notre pacte social. Ils abîment la confiance qu'ont les Français dans l'Etat. Ils sapent au quotidien le consentement à l'impôt », a-t-il regretté. En plein marasme budgétaire, l'exécutif sait que la lutte contre la fraude fiscale pourrait lui permettre de trouver de nouvelles recettes publiques pour combler le déficit public dans le rouge.

Lire aussiDéficit public : nouveau dérapage en vue pour 2024, plus de 5 % du PIB contre 4,4% initialement prévu

900 millions d'euros mis en recouvrement, 80% des sommes recouvrées selon Bercy

Dans le viseur de ce service d'enquête figurent environ 20.000 contribuables dont les revenus annuels dépassent un million d'euros et disposent d'un patrimoine imposable à l'IFI (impôt sur la fortune immobilière) de plus de 7 millions d'euros. « Il faut de la ténacité pour faire aboutir des dossiers très longs », a déclaré Stéphane Créange à la tête de la DNVSF. « Ces dossiers sont sensibles en raison des enjeux financiers. Nous contrôlons les personnes les plus riches du pays », a rappelé le patron de ce service d'enquête.

En 2023, ses équipes ont traité 1.600 dossiers. Sur ce total, « 900 millions d'euros ont été mis en recouvrement, c'est le double de 2019. Il y a une montée en charge », a expliqué Thomas Cazenave. D'après les chiffres communiqués par Bercy, 80% de cette somme est recouvrée. Ce qui représente 720 millions d'euros effectivement récupérés par le fisc.

Pour rappel, les montants recouvrés dans les différents types de fraudes fiscales ou sociales par les administrations sont généralement bien inférieurs. Lors de la présentation du bilan des différentes fraudes, le ministre des Comptes publics avait d'ailleurs expliqué que « l'enjeu pour nous est de mieux recouvrer les sommes dues », Interrogé sur le montant global des sommes recouvrées en matière de fraude fiscale, le Premier ministre Gabriel Attal avait botté en touche.

Lire aussiFraudes aux finances publiques : derrière les montants record, des recouvrements minimes

Renforcement de l'arsenal juridique et technique

Lors de son intervention, le ministre délégué aux Comptes publics a réhaussé les objectifs des enquêteurs. « La progression constatée en matière d'impôt sur le revenu en 2023 doit s'étendre et nous devons viser la même hausse des contrôles pour les droits de succession et la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus », a-t-il résumé. Annoncés dans le projet de loi de finances pour 2024 à titre d'expérimentation, les aviseurs fiscaux (ce sont des informateurs qui peuvent être rémunérés par l'administration) seront pérennisés. « C'est, je le sais, une source importante d'informations en particulier pour la DNVSF qui a su exploiter les informations transmises par un aviseur pour récupérer près d'une centaine de millions d'euros ».

Sur le front juridique, la création du délit de mise à disposition des schémas de fraude fiscale devrait permettre aux autorités de s'attaquer plus facilement aux cabinets spécialisés. «Certaines officines sont spécialisées dans les schémas de fraude fiscale », a rappelé le ministre. Sur le plan technique, Thomas Cazenave a également mis l'accent sur le développement du webscraping, c'est-à-dire la collecte importante de données sur les réseaux sociaux. Ce qui n'est pas sans poser des questions juridiques, notamment sur l'utilisation des photos.

Cette technique est particulièrement utilisée dans les enquêtes portant sur les domiciliations fiscales à l'étranger par exemple. Enfin, Bercy souhaite que l'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) et du data mining soit « massifiée et généralisée notamment aux dossiers les plus complexes qui intègrent de l'IFI, des revenus fonciers ou des successions complexes ».

Lire aussiLlama 3 : Meta donne un avant-goût de sa nouvelle puissance de feu dans l'IA

Cinq personnes supplémentaires pour la traquer les plus grandes fraudes

En revanche, les moyens humains supplémentaires pour 2023 devraient se limiter à cinq personnes pour ce service, a annoncé Thomas Cazenave. Une situation dénoncée par les syndicats. « Après plusieurs années de suppressions de postes dans la sphère du contrôle fiscal, Gabriel Attal avait dans un élan de générosité parlé de créations d'emploi. Au final, l'opération se solde essentiellement par du redéploiement ou transfert d'emploi », avait relevé Solidaires finances publiques il y a quelques semaines. Autant dire que l'opération du gouvernement risque de faire grincer des dents.

Grégoire Normand
Commentaires 18
à écrit le 20/04/2024 à 13:12
Signaler
Bonjour, des promesses, cela fait 20 ans que l'etat ne faites rien sur ce sujet... bien sur ils ne faut pas le dire....

à écrit le 20/04/2024 à 12:21
Signaler
⚠️☠️ L'ÉTAT A MASSACRÉ NOTRE POUVOIR D'ACHAT 🤬🔥‼️ Un français payé au SMIC est 2.2 FOIS PLUS PAUVRE qu'en 2000 par l'inflation monétaire générée pour financer les déficits publics (planche à billets, argent magique)‼️ La valeur de l'euro a été diluée...

à écrit le 20/04/2024 à 10:19
Signaler
Un peu de communication avant les élections,ça ne fait pas de mal.Je croyais que les grands moyens étaient en place depuis un bon moment.En final,la désagréable impression qu’on se moque du peuple……

à écrit le 20/04/2024 à 8:39
Signaler
C'est incontrôlable, il n'y aura que quand nous résorberons nos dettes que nous saurons que les riches payent enfin des impôts ! Et si déjà on leur interdisait de détourner l'argent public à mon avis ça suffirait amplement mais ya tellement d'usines ...

à écrit le 20/04/2024 à 6:04
Signaler
ah oui ? en premier lieu retirer l'anonymat des négociations avec les fraudeurs. En deuxième lieu, des peines de prisons effectives, retrait des droits civiques, jugements avec publicité.

le 20/04/2024 à 8:13
Signaler
Ce n'est pas possible Macron, et la macronie finirait en prison !!! N'oubliez pas les affaires Sarkozy, Macron suivra le même chemin, c'est son fils de politique, les deux sont pareil et détourne l'argent de la même façon.. Regardez ils veulent soit...

le 20/04/2024 à 9:16
Signaler
Dès fois ça marche, mais il faut sacrément s'en occuper (Google books). Claude Dumont Beghi est celle qui a fait vaciller l'empire Wildenstein, dénoncé les connivences, démasqué les fraudes, brisé les silences et l'oubli.Tout commence en 2001. Le cél...

le 20/04/2024 à 10:29
Signaler
Et interdiction d'exercer.

à écrit le 20/04/2024 à 4:09
Signaler
Toujours le même discours grandiloquent de cet adelphité paniqué à l'approche d'élections. Ces habitants du pays de cocagne nous chantent la palinodie, mélodie changeante au gré du vent de panique qui souffle dans les couloirs du pouvoir en place.

à écrit le 19/04/2024 à 23:39
Signaler
Comme si c'était les riches qui fraudaient les caisses sociales déficitaires ! Beau niveau de populisme à l'approche des élections. Les riches n'ont pas besoin de frauder puisqu'ils ne sont pas taxés du fait des optimisations fiscales légales !

le 20/04/2024 à 12:19
Signaler
Optimisation fiscale sauf qu'ils usent et abusent de certaines dispositions que le fisc peut contester , quant besoin de frauder désolé tant que c'est possible tout le monde s'y risque les riches comme les autres .Petit exemple un chef d'entreprise c...

à écrit le 19/04/2024 à 21:30
Signaler
On ne va pas nous rebassiner avec la chasse à la fraude fiscale supposée des Grandes Fortunes; les redressements représenteront une somme ridicule, comme d'habitude. Pour montrer l'intérêt que portent nos "représentants" à la dégradation des comptes ...

le 20/04/2024 à 9:44
Signaler
C'est là un travers récurrent des puissants dans les pays latins, ils se prennent pour des élites alors que ce sont généralement des rentiers ou des escrocs, Macron étant en ça le digne représentant de sa clientèle, la même qui avait encensé Sarkozy,...

à écrit le 19/04/2024 à 21:11
Signaler
Tiens, l'État se réveille un tantinet en 2024? Mieux vaut tard que jamais!

à écrit le 19/04/2024 à 20:24
Signaler
Le bras de fer sera héroïque car les agents du fisc ont en face d'eux d'anciens collègues devenus avocats fiscalistes qui connaissent toutes les arcanes du code des impôts .Va y avoir du contentieux en perspective !!

le 20/04/2024 à 8:50
Signaler
@Idx 🤣😂et en plus c'est tellement vrai👍

à écrit le 19/04/2024 à 19:44
Signaler
la promesse de gens qui n'ont pas de parole !

le 20/04/2024 à 4:08
Signaler
Pourquoi les francais les mettent aux manettes ? Voila la question. Peuple de veaux, dixit GdG.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.