Pernod Ricard et Rémy Cointreau bondissent en Bourse après l'arrêt des sanctions chinoises

Les groupes français de cognac Rémy Cointreau et Pernod Ricard ont vu leurs cours de Bourse grimper ce mardi. Les investisseurs ont en effet salué le fait que Pékin ne prévoyait pas de droits de douane à titre conservatoire sur le cognac dans l'immédiat. Il s'agit en effet d'une crainte vive suite au lancement par la Chine d'une enquête anticoncurrentielle sur les spiritueux européens.
Vers 13h30, l'action Rémy Cointreau flambait de 7,6% à 96,8 euros quand celle de Pernod Ricard prenait 2,6% à 145 euros, dans un Cac40 en hausse de 0,34%.
Vers 13h30, l'action Rémy Cointreau flambait de 7,6% à 96,8 euros quand celle de Pernod Ricard prenait 2,6% à 145 euros, dans un Cac40 en hausse de 0,34%. (Crédits : REGIS DUVIGNAU)

Il y a au moins deux grandes maisons françaises de spiritueux qui profitent de la visite de Xi Jinping en France. Ainsi, vers 17h35, l'action Rémy Cointreau flambait de +6% à 95,35 euros quand celle de Pernod Ricard prenait 3,08% à 145,65 euros, dans un CAC40 en hausse de 0,99% et un SBF 120 en hausse de 1%.

A l'origine de ce mouvement haussier : une bonne nouvelle venant d'Asie. Alors que Pékin menaçait d'enquêter et éventuellement de sanctionner les eaux-de-vie de vin importées de l'Union européenne, une source diplomatique française a affirmé à Reuters que la Chine n'instaurerait finalement pas de droits de douane à titre conservatoire sur le cognac dans l'immédiat.

Dans le même temps, lundi soir, à l'occasion d'une visite du président chinois en France pour deux jours, Emmanuel Macron a annoncé, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue chinois à l'Elysée, qu'il « remercie le président aussi de son ouverture quant aux mesures provisoires sur le cognac français et son souhait de ne pas les voir appliquer ».

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Une enquête qui aurait pu avoir de lourdes conséquences pour les producteurs français

Les producteurs français échappent donc, pour l'instant, à un problème de taille. Pour rappel, en mars, le ministère chinois du Commerce a déclaré qu'il envisageait d'intégrer les maisons Martell (de Pernod Ricard), Hennessy (de LVMH) et Rémy Martin (de Rémy Cointreau) dans son enquête anticoncurrentielle sur les eaux-de-vie de vin importées de l'Union européenne, lancée en janvier.

Résultat, dès l'annonce de l'enquête, le 5 janvier, le titre de Rémy Cointreau avait dévissé de 12% à 95,88 euros à la Bourse de Paris, après avoir atteint son plus bas niveau depuis avril 2020 plus tôt. De son côté, Pernod Ricard avait terminé à -3,57%, quand, à Milan, Campari baissait de 1% et à Londres, Diageo perdait 1,90%. Même LVMH avait alors reculé de 1,28% à la clôture.

Et pour cause, à fin novembre 2023, la Chine avait importé pour 1,57 milliard de dollars d'eaux-de-vie de vin, et la France représentait 99,8% de toutes les exportations de brandy de l'UE, selon les données des douanes chinoises. Être coupé de ce client aurait donc été une mauvaise nouvelle pour les producteurs, alors même que dans l'Hexagone, le Cognac et autres spiritueux ont vu leurs exportations fortement ralentir avec la crise inflationniste. Rien que pour le Cognac, les exportations ont baissé de 19% sur la campagne 2022/2023, après trois années fastes.

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Pékin et Bruxelles toujours en bras de fer

Si officiellement, cette enquête fait suite à une plainte de l'Association chinoise des boissons alcoolisées, elle est aussi vue comme une réponse aux dégradations des relations entre Bruxelles et Pékin selon plusieurs observateurs. Et pour cause, l'Union européenne a indiqué qu'elle cherchait à réduire sa dépendance commerciale avec Pékin, notamment dans le domaine des technologies. Début octobre, l'UE a par exemple dévoilé une liste de domaines stratégiques qui devront être mieux défendus face à des Etats jugés rivaux comme la Chine - notamment l'intelligence artificielle.

Un autre point d'achoppement concerne le secteur automobile. Préoccupée par la concurrence des véhicules électriques chinois sur le marché européen et pressée par la France, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé en septembre l'ouverture d'une enquête sur le soutien et les subventions des autorités chinoises aux constructeurs nationaux d'automobiles électriques. La Chine a alors dénoncé cette décision, soulignant qu'elle nuirait à ses relations commerciales avec l'UE. « Ce n'est rien d'autre que du protectionnisme pur et dur », avait jugé Pékin.

Plus largement, l'Union européenne s'inquiète de ce qu'elle considère comme des relations économiques « déséquilibrées », affirmant que son déficit commercial de près de 400 milliards d'euros avec la Chine en 2022 reflète les restrictions imposées aux entreprises de l'UE opérant dans ce pays. L'annonce de Pékin était aussi intervenue au moment où le groupe néerlandais ASML, sous pression de Washington, a annoncé stopper ses exportations de machines à fabriquer des puces électroniques vers la Chine.

(Avec Reuters)

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Commentaires 3
à écrit le 08/05/2024 à 23:47
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Des millions de junkphones cancérigènes 5G contre quelques bouteilles d'éthanol... Le régime MacRon ou l'art de vendre du déficit commercial.

à écrit le 08/05/2024 à 7:16
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Ca rend presque même service à la planète ! Il auraient du mettre du cognacs dans le biberon de Jean Charles Naouri ça aurait permis de sauver 200 000 emplois !

à écrit le 07/05/2024 à 14:27
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L'alcool...c'est pas avec modération? Le tabac aussi d'ailleurs, et les 2 ensembles, c'est cancer assuré. Ceci dit, si ça peut détendre les Chinois ! Quelques millions "d'alcoolos" ou (et) cancéreux de plus ou de moins sur 1 milliard de Chinois ce n...

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